Au cours du mois de mars, l'Autorité de la Concurrence a autorisé la "prise de participation minoritaire contrôlante" du groupe Emil Frey France dans le groupe Bernard. Ainsi, le groupe Emil Frey détient désormais officiellement 40% du capital et des droits de vote de la holding Bernard Participations, tandis que la famille Bernard conserve la majorité (60%). Néanmoins, précise l’Autorité, dans sa décision, "Emil Frey dispose d’un droit de veto de fait sur un certain nombre de décisions stratégiques et sera donc en mesure d’exercer une influence déterminante sur les organes de direction de Bernard Participations".
Le groupe Emil Frey France représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 4 milliards d’euros (hors activité d’importation) et le groupe Bernard a réalisé un CA de 1,25 milliard d’euros en 2017. Ces deux géants de la distribution automobile en France couvrent 42 zones commerciales communes que l’Autorité de la concurrence a étudiées avant d’autoriser leur rapprochement.
A cette occasion, elle a revu sa méthode pour calculer le poids des opérateurs. Elle ne prend plus en compte les parts de marché de leurs marques au niveau du département mais analyse la concurrence sur une zone isochrone de 45 minutes en voiture autour des points de vente. Ainsi, l’analyse s’affine en prenant en compte les réelles zones commerciales.
En revanche, le marché n’est pas segmenté en fonction des prix ou des segments, chaque marque étant considérée comme ayant une gamme suffisante pour satisfaire toutes les demandes.
La part de marché nationale de chacune d’elles n’est pas non plus prise en compte. L’Autorité estime le poids des acteurs en fonction du nombre de points de vente sur la zone étudiée, sans tenir compte de leurs surfaces de vente, une concession Mazda pesant ainsi autant qu’une concession Peugeot. Sur cette base de calcul, l’Autorité a conclu que les parts de marché cumulées du groupe Emil Frey France et du groupe Bernard restaient inférieures à 40% sur 38 des 42 zones commerciales où ils sont présents tous les deux, même à Albertville, où les deux groupes représentent Renault-Dacia, Peugeot et Citroën-DS, marques totalisant pourtant 53% de parts de marché VP au niveau national.
L’autorité relève que les deux opérateurs cumuleront une part de marché comprise entre 40% et 50% sur le marché du VUL dans 4 zones savoyardes : Albertville, Chambéry, Moutiers et St-Jean de Maurienne. Ce n’est pas suffisant pour poser des problèmes de concurrence, note l’Autorité, d’autant que d’importants acteurs multirégionaux, les groupes Maurin, By My Car et Jean Lain, disposent tous d’au moins une concession dans les zones concernées.
Xavier Champagne
(*) Aix-les-Bains (73), Albertville (73), Annecy (74), Bellignat (01), Bourg-en-Bresse (01), Bourgoin-Jallieu (38), Chambéry (73), Charleville Mézières (08), Davezieux (07), Dizy (51), Épernay (51), Eybens (38), Grenoble (38), La Ravoire (73), Reims (51), Romans-sur-Isère (26), Rumilly (74), Ruy-Montceau (38), Saint Georges-de-Reneins (69), Saint-Memmie (51), Saint-Quentin (02), Sance (71), Seynod (74), Seyssinet-Pariset (38), Soissons (02), Thillois (51), Valence (26), Vénissieux (69), Vienne (38) et Viriat (01).