Dyson stoppe son programme de véhicules électriques, le début d’une série ?
La chronique de Bertrand Rakoto, analyste indépendant dans l’intelligence de marché et auteur du livre "La désincarnation des grandes organisations". Après plusieurs années dans l’automobile, entre autres chez RL Polk, et après avoir eu un cabinet d’analyse en France (D3 intelligence) il est désormais basé aux Etats-Unis où il poursuit son activité depuis Détroit. James Dyson vient de mettre un terme à son aventure automobile. L’annonce de se lancer dans l’industrie avait créé la surprise en septembre 2017 et la décision de l’arrêt du projet est du même tonneau. L’entrepreneur anglais avait investi £1 milliard dans la recherche et le développement de batteries dès 2015, avec entre autres, l’acquisition pour $105 millions (95 millions d’euros) de Sakti3, une société de R&D dans les technologies de batteries sèches, société dont l’activité a cessé vers 2017. Suite à l’annonce de son entrée dans l’automobile, Dyson a investi un second milliard de Livres Sterling dans la conception d’un véhicule et £500 millions de frais associés au lancement de l’entreprise, soit un total de £2.5 milliards (environ 2,9 milliards d’euros). Dès le départ, Dyson annonçait vouloir proposer des véhicules différents. L’entreprise basée à Singapour a beaucoup travaillé sur le design, la technologie de batteries et l’expérience client au niveau du produit. Dans l’annonce de l’arrêt de son programme automobile, Dyson indique que le véhicule imaginé ne pourra trouver sa rentabilité sur le marché. En revanche, l’entreprise poursuit la recherche sur la technologie de batteries sèches. Outre des calculs internes de rentabilité, la question est de savoir quels sont les signaux qui ont pu motiver une telle décision. Des difficultés coûteuses à surmonter pour les VE à batteries (BEV) Deuxièmement, la faiblesse des volumes ne permet pas d’atteindre certains seuils de rentabilité et elle maintient des coûts et des tarifs élevés pour les modèles commercialisés. L’équation est complexe car la technologie n’est toujours pas parvenue à améliorer le temps de charge de façon abordable. Les technologies comme la batterie à 800 volts de la Porsche Taycan ou les systèmes expérimentaux comme celui de GBatteries ne sont pas à la portée de tous ou pas encore commercialisées. Pour le moment, les systèmes de charge ultra rapide restent très onéreux et engendrent un prix de charge équivalent à celui d’un plein d’essence. Par conséquent, les constructeurs augmentent sans cesse l’autonomie des véhicules ce qui induit des coûts supplémentaires. Cette escalade comporte des coûts et engendre de nouveaux problèmes Troisièmement, les BEV constituent une rupture dans l’approvisionnement d’énergie et dans les métiers de la filière automobile directe et indirecte. Par conséquent, les changements nécessitent des investissements colossaux pour installer des réseaux de rechargement suffisants avec une capacité de production d’énergie capable d’absorber des pics de consommation croissants. Il n’y a rien d’impossible là-dedans d’autant que des normes permettent d’uniformiser les prises et de nombreux réseaux privés se sont lancés comme Chargepoint, EVGo, Electrify America (filiale de Volkswagen aux Etats-Unis), Ionity ou encore NewMotion (devenu filiale de Shell). D’autres initiatives isolées comme celles de Tesla d’évoluer avec un système de rechargement propriétaire permettent d’amorcer la demande pour une marque mais, à moyen terme, cela constitue un gouffre financier, limite le déploiement, contraint la mobilité et empêche de rentabiliser les réseaux de manière efficace. La quatrième barrière principale à un déploiement des BEV est propre à la technologie lithium-ion. Aujourd’hui, il s’agit de la plus avancée mais elle souffre de défauts importants qui pourraient limiter son déploiement et la limiter à une technologie de transition. En effet, si Toyota et d’autres constructeurs tentent d’exploiter des technologies avec peu ou pas de cobalt et un usage réduit des terres rares, le lithium reste un élément dont l’exploitation est polluante. Les émissions sont certes inexistantes à l’échappement mais en amont les conséquences de l’extraction du lithium posent des problèmes de pollution entrainant non seulement une menace écologique au niveau de la planète mais aussi des risques sanitaires importants pour les populations exposées. Enfin, le manque de stabilité de la technologie lithium-ion commence à être montré du doigt en Chine où les véhicules sont plus nombreux avec plusieurs incidents impliquant des Tesla et des Nio. De nouvelles normes sont censées augmenter la protection contre la propagation du feu en cas d’emballement des batteries mais cela tend une fois de plus à prouver qu’il s’agit d’une technologie de transition. De ce point de vue, la technologie de batteries sèches explorée par Dyson semblait plus prometteuse et l’idée que l’entreprise poursuive dans ce domaine n’est pas simplement bienvenue, elle est souhaitable. En revanche, pour que de nouvelles technologies émergent, il faut que les solutions lithium-ion ouvrent une brèche durable dans le marché et le pari n’est pas encore gagné. Cas isolé ? Cette semaine également, Harley Davidson a suspendu la production et repoussé le lancement de son modèle électrique à une date indéterminée. La raison officielle invoquée est le besoin d’affiner la mise au point mais la réalité pourrait être une réponse timide du côté de la demande. Porsche a peut-être écoulé en peu de temps sa première année de production pour la Taycan et Audi ou Mercedes-Benz enregistrent des commandes pour leurs e-Tron et EQC. Mais le marché est plutôt tiède et les constructeurs doivent patienter avant de libérer leurs BEV car un départ lent pourrait être fatal aux véhicules électriques. La demande appelle la demande et l’échec provoque des décisions parfois définitives. Certains nouveaux venus tiennent tels que BYD, parfois avec des déconvenues et d’autres sont attendus comme Lucid, Byton ou Rivian. Mais les difficultés sont nombreuses et tous les regards sont tournés vers Tesla pour apprendre de ses erreurs. Le constructeur américain a relevé certains challenges mais la route est encore longue avant de pouvoir crier victoire et assurer une rentabilité pérenne. Les écueils de Tesla touchent plusieurs domaines tels que la qualité, la logistique, la production, l’après-vente, le réseau, la gestion clients. Mais l’entreprise souffre surtout d’une absence de plan stratégique avec une culture d’entreprise toxique où les problèmes sont repoussés au lendemain et le turnover est élevé. En revanche, le constructeur a su développer des produits mondiaux intéressants avec une approche différente. Mais il y a fort à parier que Tesla est le poisson pilote à qui beaucoup d’erreurs sont pardonnées grâce, entre autres, à une capitalisation qui dépasse de près de 10 fois la valeur réelle de l’entreprise. Le principal talent de Musk est de savoir vendre du rêve aux analystes financiers afin de maintenir l’action et de poursuivre l’exploitation grâce à des levées de fonds successives. Eviter l’épidémie Certains diront que je fais de l’obsession mais l’automobile a besoin d’aventuriers pour se renouveler et faire preuve d’audace. Ce sont eux qui ont également permis à l’industrie traditionnelle de relever d’autres challenges. En attendant les aventuriers, les grandes corporations que sont GM, Audi, Porsche et bientôt Mercedes-Benz alignent leurs BEV en attendant que les clients commencent à se bousculer. Volkswagen cherche à convaincre au sujet de la profitabilité de sa stratégie imposée par la condamnation liée au Dieselgate et Renault surprend la presse avec la K-ZE. Peut-être est-il déjà trop tard pour les nouveaux venus qui n’ont pas une stratégie solide. |
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Réactions
On découvre qu’une batterie type Zoé contient 3 kg de Lithium,le cours de cette matière a chuté pour approcher les 10$ le kilo.
A qui va ton faire croire que le business du recyclage est rentable pour 25€ de matière.....qui va payer?.
Comme les pales d’éoliennes inrecyclabes....finiront elles dans le four à cimenteries?
A quand le batterie gate?
A ceux qui sont tentés n’achetez pas louez les et laisser tout cela devant le bureau de Jadot dans trois ans
;0)
... Une fois de plus ...poser la question c'est un peu donner la réponse...!
En depit de ce qui est " seriné" à longueur de journée çà n'est pas nécessairement une catastrophe non plus ...Désolé pour les jeunes zurbains diplômés ou pas en charge de jeune famille ou pas très "concernés".
D'autres axes (déjà décrits ) de "vertuosité" existent bien plus cruciaux et pour l'instant cela mobilise fort peu ...Hélas.
L'abandon de Dyson et d'autres acteurs prochainement prouve que les VE sont une fausse piste.
Hors environnement urbain, ils n'ont aucune justification et leur rayon d'action reste insuffisant, malgré les progrès récents.
Emporter 800 kg de batteries pour transporter une seule personne n'a pas de sens.
Dans l'environnement urbain, ils sont plus justifiés. Les distances sont faibles et le nombre de points de recharge plus faciles à trouver.
L'automobile doit être polyvalente car c'est la raison de son succès depuis cent ans.
Vouloir développer un véhicule exclusivement pour la ville revient à réinventer une caisse comparable à la petite SMART fortwo. Après vingt-deux ans de production son succès annoncé n'est toujours pas là.
Paix à sa défunte thermique , sa version électrique sera assurément un énorme progrès dans la mobilité urbaine.
J'en doute fort, personnellement.
N'y aurait-il pas un problème ? A moins que Mr Jadot n'ait trouvé la solution en interdisant la pub pour les SUV !
En tout cas, la dictature verte est à notre porte
Il faut être déconnecté des réalités et hors sol pour ne pas voir des signes... exemple, des magazines ( en tout cas chez nous) font des petites enquêtes sur l’envie et la volonté des lecteurs d’acheter un VE... et ces lecteurs ( des curieux et autres qui se donnent la peine et l’argent d’acheter ces magazines), disent non à 75% !
Ce n’est pas faire le beau et bonne figure devant une caméra sur un trottoir! Les lecteurs ont jugé!
Les constructeurs ont trop de pognon à cramer, ou sont victimes de leurs administrations comme ils disent... ou ils ont dormit tout le temps...et là par le saint esprit le VE va décoller qu’ils disent!
Ils aurait pu faire baisser le CO2 sans faire des VE...
Ces cons ils n’ont même pas compris qu’une Tesla n’était pas une voiture à vendre en DEHORS de l’Amérique!
Qui parlait de faire un VE avant Tesla... on parlait de la voiture à 2L/100 km. On parlait de la Prius... qui était moche et molle... encore un truc pour les US... mais là un truc qui nous menaçait au vu de l’augmentation du prix des carburants!
La réponse avait déjà été donnée par la hollande et Italie depuis vingt ans, à savoir, le GPL.
Le reste à fini par terminer en Dieselgate... et le comportement psychopathe de VW dans le tout électrique!
Maintenant nous produisons notre propre malheureusement en automobile!
;0)
@smarter: avez-vous dejà fait un road-trip en model 3/Kona/EQC? Le rayon d'action est tout a fait suffisant.
@jean-marie méchin: on ne doit pas avoir la même conception de l'"horizontale".
@Jo Duchene: sur les 75% des lecteurs qui disent non, combien ont déjà roulé en VE avant de dire non?
@ Arnaud on ne doit pas avoir la même conception du voyage
@Arnaud,comment faites vous si vous habitez en ville et qu’il n’y a pas de borne de disponible.
@Arnaud comment faites vous pour aller à la déchèterie en tirant la remorque sachant que c’est pas possible de tracter.
@Arnaud trouvez vous normal que vos performances baissent chaque jour.
@Arnaud que pensez vous de l’obsolescence programmée.
@ Arnaud pourquoi les gens n’en veulent pas et que je suis obligé de donner 6000€
@Arnaud trouvez vous normal et écolo de trimbaler une demie tonne de chimie sous vos pieds.
@Arnaud trouvez vous normal de faire du courant avec du gaz,charbon,fuel?
@Arnaud trouvez vous normal que l’on soutienne depuis longtemps une solution soit disant valable.
J’ai mal au doigt j’arrête mais j’en ai un camion comme cela quand vous voulez mais à petite dose.
Touche pas à ma bagnole!!!
Ça me fera des vacances...
;0)
Un copain à moi ( riche) est venu de Berlin avec une Tesla et nous sommes partis de Paris à Lisbonne en vacances super cool... et sans emmerdes !
Jamais de la vie ni moi ni lui auraient fait cela avec autre chose qu’une Tesla.
Sans écosystème embarqué type Tesla avec super chargeurs exclusifs... il faut être masochiste pour rouler en VE.
Vous avez du temps à perdre et surtout de l’argent, c’est votre problème !
Sinon allez chez extinction rébellion c’est bien payé 50£ jour pour s'asseoir par terre et ne rien foutre.
Vive la bagnole marre des mensonges du VE
La Terre sera encore remplie pour longtemps d’épaves thermiques et électriques dans les casses du monde entier!
Pour faire écolo ont devrait les vider et les jeter à la mer pour faire des maisons pour les poissons!
Je n’invente rien...les ricains foutent à la mer au large de NY des wagons du métro vides.
Ils sont toujours en avance!
Ben oui, quand on calcule le TCO d'un véhicule, plus on roule, plus l'électrique est intéressant vs le thermique.
Donc ce sont les "campagnards" travaillant à la ville située à 40 ou 60km de chez eux qui ont tendance à rouler en électrique. Ils rechargent en tarif de nuit tranquillement et si en plus ils peuvent se brancher la journée au boulot, c'est 100% bénef....
Et je vais me répéter, mais en ville, banlieue comprise, la voiture individuelle n'est pas le moyen de transport idéal. Le passage à l'éléc ne va jamais résoudre les problèmes d'encombrements.....heureusement, il y a le vélo ! 8-)
Puis demain il y aura les robots taxis...
C’était pour rigoler peut-être ?
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