profiter pleinement d'autoactu.com

Renault : sortir de la politique de l’autruche
La chronique de Bernard Jullien, Maître de Conférence à l'Université de Bordeaux et conseiller scientifique de la Chaire "Distribution & Services Automobiles" du Groupe Essca. Comme pour marquer sa différence et/ou pour souligner ce qui avait pu l’opposer à Thierry Bolloré, Clotilde Delbos a entamé son intérim à la direction générale du groupe Renault par un "profit warning" : non, le retour à un cash flow positif au second semestre ne permettra pas de compenser le cash flow négatif de 700 millions d’euros du premier; non, le chiffre d’affaires ne sera pas constant mais baissera de 3 à 4% de même que la marge opérationnelle sera plutôt de 5% que de 6% comme annoncé en juillet ; non, le plan 2022 ne vas pas être tenu et il est urgent de le redéfinir pour que chacun sache où il va. Elle ne s’est d’ailleurs pas contentée de s’entretenir avec les analystes. Elle s’est aussi exprimée mardi dans une vidéo à l’intention des salariés pour leur indiquer qu’il fallait reprendre le plan "Drive the Future" parce que le marché a changé depuis deux ans et que « malheureusement, la situation ne s’est pas améliorée durant l’été » et exige d’ajuster la stratégie pour "remettre Renault en piste". Ce discours, dans lequel elle a également plaidé pour davantage de transparence et d’honnêteté dans l’entreprise, fait clairement apparaître son prédécesseur comme ayant fait le choix de mettre la tête dans le sable et comme l’ayant obligé à venir entonner avec lui devant presse et analystes en juillet l’air de "tout va très bien". On n’en est pas là mais on peut comprendre cet étonnement car il est vrai que lorsque l’on se penche sur les ventes en volume des 9 premiers mois de l’année, Renault n’évolue pas plus mal que le marché mondial : alors que le marché a baissé de 6,1%, Renault voit ses ventes baisser de 6%. Très clairement, à l’instar de ce qui s’est passé aux Etats-Unis pour Nissan, les volumes Renault, en France au moins, sont réalisés depuis de longs mois en usant et abusant des habituelles « ventes tactiques » qui rongent la profitabilité. Il est fort probable que, de la même manière qu’elle ne pensait pas opportun de tenter de résoudre le problème de cash flow en ne payant pas les fournisseurs, C. Delbos ne pensait pas le problème de la gamme soluble dans les remises. |
Partagez cet article :
|
Réactions
... Dans la chronique il est fait référence au travail effectué par PSA sur le pricing power ... Ce travail a été largement rendu possible par une succession de lancements de modèles plutôt réussis (me semble-t-il ).
Les Clio V et Captur vont devoir batailler avec les produits de la boutique d'en face sans compter tous les autres produits du segment B Dont l'offre est pléthorique et de bonne qualité.... Pour le reste de la gamme comme c'est décrit dans la chronique c'est encore plus compliqué de remonter les prix des modèles... Au demeurant "le temps se couvre" et l'on peut se demander si c'est bien le moment ... ?
Quant "à la stratégie de gamme en partie ratée " cela ne se corrige pas en claquant des doigts !
En revanche , c'est singulier , pour le chroniqueur qui connaît, à fortiori, bien Renault ...Pas un mot (ou alors c'est très discret...) sur le travail effectué chez PSA sur l'abaissement du prix unitaire par modèle....Le chroniqueur considère-t-il ainsi que l'essentiel du travail a déjà été réalisé chez Renault et qu'il n'y a plus de gisements à "exploiter" ?
... En tous cas, du "boulot" pour les équipes en place sous l'impulsion du tandem Sénard / Delbos ...(?).
.
Comme directrice financière du groupe, Mme Delbos a eu jusqu'à présent une position passive vis à vis de l'élaboration du catalogue des modèles. Elle prend les responsabilités alors qu'il est très déséquilibré, du fait, non pas de ses prédécesseurs mais de la politique fiscale et de taxes imposées sur son marché national. Tout cela va s'accentuer après les décisions du 17 octobre.
Nous sommes revenus en 1965, lorsque le plus gros moteur installé dans une voiture de grande série cubait 1600ccm...la Renault 16. Les raisons alors étaient économiques, elle sont d'ordre politique en 2019 et nullement justifiées sur le plan écologique.
Les nouvelles gammes Renault "hdg" ; bien que plutôt réussies côté style (mon avis perso) ne se vendent plus car le marché a évolué vers les SUV-X-Over.
Ce qui était prévu depuis des années ....
Il est des moments où un simple renouvellement des modèles existants ne suffit plus et où il faut sauter dans l'inconnu de tout nouveaux modèles et concepts.
Mais ça, un management fait de comptables ne peut l'appréhender et se contentera de la prise de risque à l'investissement minimum à priori.
Renault pâtis aussi d'une politique Powertrain des plus hiératique faite d'erreurs et de corrections trop tardives.
Ainsi pourquoi avoir lancé un tout nouveau 1.6L16V Diesel alors que l'on disposait déjà d'un excellent 1.5L8V ? Pour remplacer les bons 2L16V au prix d'une solution Turbo complexe et coûteuse ? Tout ça pour ensuite décider de stopper ce nouveau 1.6L en plein élan pour revenir vers les 2L qui avait entre temps été arrêté en production...., Renault et ses fournisseurs auront investis des centaines de millions d'Euro pour rien...et bonjour le yoyo industriel sur le 2.0L...
Et puis il y a la gamme essence faite d'une trétra-chiée de versions de moteurs différents en 3 et 4 cylindres.....Nissan ayant bien sur les siens en propre ailleurs qu'en Europe...
Finalement, il y a le BEV, la Zoé avait quasi 10 ans d'avance sur la concurrence, mais en 2020, la meute sera là et les nouveaux BEV Renault prévus pour 2020 seront noyés dans la masse de la concurrence. A noter qu'en 2019, la TM3 se déjà vend plus en Europe que Zoé + la Leaf. A noter également que Leaf et Zoé ne partagent pas un seul composant en commun en raison de batailles politiques titanesques entre Renault et Nissan qui refuse systématiquement toute proposition de l'ingénierie Renault.....et il est douteux que ce soit prêt de changer....
....Quand on pense à la marque INFINITI qui était pressentie pour concurrencer les berlines allemandes....Elle a été si mal gérée au point de ne jamais pouvoir proposer une gamme à peu près présentable, aussi bien à l'international que sur notre territoire.
( J'aimais bien le FX3.0 DCI....mais quand il est sorti il avait six ans de retard.)
CHR$, vous semblez bien placé pour connaitre la gamme Renault.
Pour ma part, j'ai participé en 2012 à une étude comparative de tous les véhicules européens chez MAHLE: comparaison de tous les systèmes "haut-moteur" Culasses et pistons. Je peux vous dire que les deux constructeurs français avaient les résultats les plus hétérogènes: (du bon et du pire).
Ce n'est pas comme cela qu'une entreprise industrielle de la branche automobile aussi mature que RENAULT peut être optimisée....Un responsable financier est tout à fait étranger à une telle analyse.
Les aspects techniques, des investissements en ingénierie ne peuvent être appréhendés sans un solide cursus dans les ateliers et bureaux d'études.
Tout cela est bien français. Plutôt que d'optimiser par petites touches en mesurant les effets de chaque évolution, le raisonnement semble être " si les résultats des ventes ne sont pas bons, alors la décision inverse que nous allons prendre sera pleinement justifiée".
.
Mais "on" pouvait afficher une part de marché plus grosse que les copains (ce qui n'était même pas assuré, les copains faisant la même course aux échalotes).
Si cette politique stupide n'était pas si grave (docteur ?), j'en rirais volontiers.
Tous ceux qui veulent que Carlos Ghosn revienne - et je sais qu'il y en a pas mal ici - devrait se poser la question de savoir qui a mené cette politique "de la plus grosse" ayant emmené Renault là où elle se trouve.
Ca me rappelle les années R5 et R25 où la Régie perdait quand même 1 milliard de Francs par mois (!) permettant les blagues les plus cruelles :
Le patron de Peugeot appelant au téléphone celui de Renault pour lui demander des "prix d'amis" pour acquérir des R25 dans le cadre de l'étude de la concurrence.
Réponse du PDG Renault : je peux vous les vendre au prix coûtant
Le PDG Peugeot : bon, je préfère les acheter en succursale !
Et l'ingénieur de Peugeot appelant son copain travaillant chez Renault :
Jean de Peugeot : salut Gégé, ça va le business ?
Gérard de Renault : ha salut Jeannot, le business ? oui ça va super !
Jean de Peugeot : ha, je vois que tu n'es pas tout seul dans ton bureau, je te rappelle plus tard...
Effectivement, la TALISMAN est une bonne voiture (en tous cas, pas une mauvaise …) mais comme les autres européens, les prospects nationaux préfèrent acheter « allemand » voire « asiatique » pour cause de prestige ou de mobilier mieux ajusté voire de garantie étendue … Et l’absence d’un éventuel V6 Nissan sous son capot est un faible argument tellement le premium allemand fait du volume avec des 4 cylindres sur ce segment de marché …
Quant aux Scénic IV (SWB ou pas) ce sont probablement les plus réussis esthétiquement de toute la saga … Las, la demande des monospaces s’est largement reportée sur les SUV …
Concernant l’Espace V (restyling à venir ?), çà n’est pas la meilleure version ( ?), mais il ne manque pas d’atouts pour autant … Lui aussi (avec le Scénic long) il souffre de la coexistence de SUV éventuellement doté de 7 places …
Problème … Tous ces modèles sont fabriqués dans l’hexagone (Douai …) … Beaucoup de commentateurs soulignent régulièrement ici la faible audience de ces modèles français sur les routes nord européennes et même parfois plus au Sud … Et çà n’est pas le tripatouillage de la grille du malus en 2020 qui va « favoriser » (c’est même tout le contraire) la diffusion des modèles précités sur le marché tricolore … Grosse remise commerciale ou pas …
Au minimum, une réflexion s’impose au "taupe management" avant de voter pour l’éventuel renouvellements de ces modèles s’impose car çà n’est pas la Zoé qui va « tirer les ventes » avec l’arrivée de la e-208 et de l’ID3 sur le marché du VE …
PS : à propos de management "comptable" Louis SCHWEITZER fût contrôleur de gestion puis DAF avant d'accéder à la magistrature suprême de Renault … Ce ne fût pas, et de loin, le plus maladroit des managers (me semble-t-il) … Gare aux raccourcis "simplistes"...
" Plutôt que d'optimiser par petites touches en mesurant les effets de chaque évolution, le raisonnement semble être " si les résultats des ventes ne sont pas bons, alors la décision inverse que nous allons prendre sera pleinement justifiée"."
Ainsi va la France dans toute sa stupidité, et ce depuis des années, du siège du gouvernement aux sièges des grosses entreprises,
Renault s'en fait logiquement l’écho.
@CHR$
Oui, depuis Loulou, cette entreprise manque d'un bagnolard qui connaisse le produit autant que les additions.
Voilà que les langues se délient et que tout le monde confirme et chacun dans sont domaine d’expérience, que les grands chefs ont déconné à un certain moment à plein tube!
C’est toujours ceux-ci qui ont le moins de choses à dire.