15/05/2024 - #Tesla , #Bmw , #Dacia , #Geely , #Volvo Cars
Véhicules électriques chinois : Allemagne et Suède freinent sur les droits punitifs
Par AFP
(AFP) - L'Allemagne et la Suède ont exprimé mardi leurs réserves sur la possibilité de suivre les Etats-Unis et d'instaurer des droits de douane punitifs sur les véhicules électriques chinois, visés par une enquête de la Commission européenne.
"C'est une mauvaise idée (...) de démanteler le commerce mondial", a déclaré le Premier ministre suédois Ulf Kristersson lors d'une conférence de presse, au deuxième jour de la visite du chancelier allemand dans le pays scandinave où la compétitivité économique européenne a fait partie des discussions.
Ces propos interviennent au moment où Washington annonce une forte augmentation des droits de douane appliqués aux produits chinois : ces taxes concernent une dizaine de secteurs industriels considérés comme "stratégiques", notamment les véhicules électriques qui les voient passer de 25 à 100%.
Invité à réagir à cette décision, Olaf Scholz a souligné que 50% des importations de véhicules électriques en provenance de Chine étaient aujourd'hui le fruit de fabricants occidentaux.
"Il y a des constructeurs européens et nord-américains qui réussissent sur le marché chinois et qui vendent leurs véhicules en Chine, nous devons en tenir compte", a-t-il précisé, notant l'importance des "échanges" entre les marchés occidentaux et chinois.
Prudence allemande
Préoccupée par la concurrence des véhicules électriques chinois sur le marché européen et pressée par la France, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait annoncé en septembre l'ouverture d'une enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques.
A l'issue de l'enquête, l'UE pourrait décider de taxer les véhicules importés de Chine, au-delà des 10% actuels.
"Nous ne connaissons pas encore les résultats de l'enquête", a rappelé le chancelier allemand.
L'UE "n'hésitera pas à prendre des décisions fermes" pour "protéger son économie et sa sécurité", avait souligné Ursula von der Leyen lors de la visite de Xi Jinping en France la semaine passée.
Elle avait également prévenu que l'Europe ne pouvait "pas accepter" le "commerce déloyal" causé par l'afflux de véhicules électriques ou d'acier chinois fabriqués grâce à des "subventions massives".
Pékin rejette ces dires et taxe Bruxelles de "protectionnisme". "Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu Xi Jinping.
Du côté des industriels, la possibilité que des mesures soient prises pour freiner ces importations fait grincer des dents en Allemagne.
Le patron de BMW, Oliver Zipse, est monté au crénau début mai, estimant que l'UE se "tirait une balle dans le pied" en menant cette enquête.
La Chine est un marché crucial pour les constructeurs allemands, qui y sont bien plus implantés que les autres fabricants européens.
Ne pas être "naïf"
Une récente étude de l'ONG Transport & Environment (T&E) a estimé qu'environ 20% de toutes les voitures électriques vendues dans l'UE l'année dernière, soit 300.000 unités, ont été construites en Chine.
Or, bien plus de la moitié de ces véhicules provenaient de marques occidentales, notamment Tesla, Dacia, BMW, qui les produisent en Chine et exportent depuis ce pays.
Le Premier ministre suédois a toutefois dit que les Européens ne pouvaient "pas être naïfs".
"Nous avons appris que l'approvisionnement peut s'interrompre pour de nombreuses raisons, qu'il s'agisse de pandémies ou de guerres. Et nous avons de bonnes raisons d'exiger des règles du jeu équitables", sur le marché mondial et "pour obtenir une forte réciprocité entre les différents pays", a-t-il dit.
"Mais une guerre commerciale où nous arrêtons les produits des uns et des autres n'est pas l'avenir de grands pays industriels comme l'Allemagne et la Suède".
Le constructeur automobile suédois Volvo Cars, propriété du groupe chinois Geely, vend 42% de sa production en Europe et 24% en Chine. Engagé dans la transition vers l'électrique, il possède trois usines d'assemblage en Chine et deux en Europe, une troisième étant en construction en Slovaquie.