Bénédict Vidal, spécialiste des fusions-acquisitions : "La taille est désormais un critère de valorisation dans la distribution automobile"
![]() Avocat spécialiste des fusions-acquisitions, Bénédict Vidal est intervenu sur la cession du groupe Métin au groupe Gueudet. Il nous donne sa vision de la distribution automobile, de la valorisation des marques, des fonds de commerce et de l'immobilier, dans un contexte d'incertitude sur la façon dont va évoluer le commerce automobile. Autoactu.com : En tant qu’avocat spécialiste des fusions-acquisitions, au sein du cabinet Carler, vous avez mené à bien la cession du groupe Métin au groupe Gueudet qui a abouti le 19 mars dernier. Votre intervention a duré 15 mois, en soutien de Dominique Bernard, président du Groupe Métin depuis juin 2017, recruté pour préparer cette cession. Vous avez notamment mené une procédure d’appel d’offres ("open bid") pour trouver le meilleur repreneur. Une procédure assez rare dans le monde de la distribution automobile ? Bénédict Vidal : Oui, habituellement, les cessions dans le secteur se font de gré à gré, les acteurs régionaux ou au sein d'un même réseau de marque se connaissent bien. Mais cette fois, compte tenu de la taille du groupe, de son emplacement stratégique, en région parisienne, et de l’attrait de la marque principale distribuée, Peugeot, nous avons fait le travail d’open bid, habituellement confié aux banques d’affaires, en recherchant le meilleur repreneur possible. C’est une démarche qui se fera plus souvent à l’avenir avec l’augmentation de la taille des groupes à céder. Aujourd’hui, près de 150 groupes font plus de 100 millions de chiffre d’affaires, il y a donc encore de grosses opérations à venir. Autoactu.com : Vous avez notamment sollicité des groupes de distribution étrangers ? Bénédict Vidal : Oui, sans grand succès. Certains ne nous ont même pas répondu. Le besoin de bien connaître le marché local et la nécessité de créer des économies de structure à travers des plaques géographiques va à l’encontre d’une stratégie de développement multinationale. Seuls les groupes néerlandais, belges ou suisses peuvent trouver une logique de développement transfrontalier. Et même chez les groupes français, les rachats se font encore très localement, pour élargir le territoire d’une marque ou enrichir un territoire existant avec de nouvelles marques. Autoactu.com : Sur la cinquantaine de groupes contactés, une dizaine de candidats sérieux ont eu accès aux comptes du groupe Métin. Au final, trois repreneurs restaient en course à la fin de 2017. Les constructeurs ont-ils pesé dans ce choix ? Bénédict Vidal : Les constructeurs donnent leur accord mais ils n’imposent pas le repreneur, heureusement. Ils vont privilégier leurs distributeurs qui ont de bonnes performances commerciales et qui respectent en tout point les standards mais ces distributeurs peuvent avoir d’autres projets ou ne pas proposer la meilleure offre. Le développement du multimarquisme réduit aussi la dépendance vis-à-vis des constructeurs. Autoactu.com : Dans le cadre d’un rachat de ce type, comment évalue-t-on la valeur de chaque concession et de l’ensemble d’un groupe ? Bénédict Vidal : Dans l’automobile, on utilise souvent la "valeur au capot", une valeur étalon par marque, plus élevée pour les marques premium, que l’on multiplie par le volume de VN livrés à l’année. Ce prix au capot est estimé avec l’aide des constructeurs qui n’ont pas intérêt à ce qu’il soit surévalué. Autoactu.com : Pensez-vous que les incertitudes liées aux nouveaux modes d’achat et de consommation automobile pèsent sur la valeur des entreprises du secteur ? Bénédict Vidal : Directement, non. En revanche, une entreprise de grande taille sera plus apte, financièrement et par son organisation, à gérer les changements structurels à venir. La taille va dont jouer sur la valorisation : Entre deux entreprises ayant une rentabilité identique, les coefficients appliqués sur le résultat seront plus élevés pour l’entreprise ayant une taille critique lui permettant de revendiquer une part de marché significative (régionale ou auprès d’un constructeur) et d’optimiser ses coûts de structure. Autoactu.com : Aux Etats-Unis et Royaume-Uni, la valeur des entreprises du secteur dépend aussi de l’évolution du cours des groupes de distribution automobile cotés en Bourse. Ce n’est pas possible en France, avec une seule entreprise cotée, le groupe Parot. Que pensez-vous de ce moyen de financer sa croissance ? Bénédict Vidal : Habituellement, les achats se font sur fonds propres ou par emprunt bancaire avec effet de levier. Le recours aux marchés financiers comme l’a fait le groupe Parot est en effet unique en France. Ce groupe a obtenu une bonne valorisation. Le problème de cette approche est le manque de liquidités des actions qui peut freiner les investisseurs par crainte de ne pouvoir les revendre facilement. Autoactu.com : On dit souvent que la rentabilité dans l’automobile est faible mais qu’elle permet au distributeur de se constituer un capital immobilier. Qu’est-ce qui vaut le plus dans un groupe, son fonds de commerce ou son immobilier ? Bénédict Vidal : Ce sont deux choses différentes qui sont néanmoins imbriqués. En effet, dans le calcul du fonds de commerce, il faut vérifier que les loyers versés à la SCI sont dans les standards de la zone géographique concernée. |
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Réactions
Par contre si les vents deviennent contraires qui và pouvoir racheter de tels paquebots puisque le marché ne s'y interresse pas.
L'ambiance anti bagnole actuelle doit faire reflechir les investisseurs,interdiction de commercialiser des autos thermiques à Paris dans qq temps est effrayant et personne sauf Carlos Tavares ne réagit.
Attention à ne pas dégoûter définitivement la clientèle ,certains parlent ici du désintérêt de Lâ jeunesse pour la bagnole.
Les pro electrique vont manger leurs chapeaux a l'heure des comptes,on ne vend rien autour du VE sauf les essuies glaces.
Vous parlez d'intérêt et rentabilité pour le premium ( enfin ùn terme qui ne sonne pas Roastbeefs) mais que dire des résultats des véhicules bas coûts (Dacia) dans des cubes en tôle ( chapelle opposée au cathédrale )
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La marge dégagée sur un véhicule et devenue une donnée secondaire et les ventes ne sont plus qu'un support de l'activité bancaire.
En gros un concessionnaire est aujourd'hui totalement tenu par son banquier ou par la captive du constructeur et ce d'autant qu'il a pris un crédit pour investir dans une cathédrale.
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En écho aux interrogations posées par Alain BOISE sur ce qui conduisit la famille Metin a cèdé le groupe constitué en seul lot, je doute que Bénédict VIDAL soit bien placé pour y répondre car il doit être entravé pour cela par une clause de confidentialité …
Sans doute faudrait-il que Xavier CHAMPAGNE s’entretienne avec Jean Charles HERRENSCHMIDT ou Eric METIN pour obtenir de semblables confidences … à supposé que les précités le veuillent bien …
Pour autant, Alain envisage une possible cause : une croissance à marche forcée (la taille critique et la nécessité d'absorber plutôt que de l'être) conjuguée à un manque de résultat … Les marges nettes, dans la distribution auto ne sont pas si confortables (comme on le sait) et passer de l’autre côté du mur peut aller assez vite … L’emprunt bancaire à effet de levier nécessite de dégager une continuité et une constance des résultats … Une faille dans les équipes de management des entités reprises, un relatif retournement de marché pour les marques représentées peuvent conduire à de mauvaises performances financières … L’endettement étant là, la situation peut vite devenir compliquée !
Récemment, le groupe GUEUDET, certainement sous une « certaine » tension depuis la reprise du groupe Metin a subi la perte d’un jeune et talentueux directeur d’établissement (concession Renault) ; malheureusement cette perte résulte d’un accident de la circulation à …moto …
Le genre d’avatar qui doit rester limité dans un moment où les toutes les meilleures ressources humaines doivent être mobilisées pour « mettre sous contrôle » les différents sites repris …
Toujours en écho à Alain …Les économies sur les frais généraux vont bien au-delà du seul commissaire aux comptes ou d’un contrat d'assurance « flotte » unique … Toutes les fonctions support sont concernées (Finances/compta, Rh, SI, CRM (quand il y en a), juridique et immobilier bien sûr)… Des exemples récents de concentration ont montré que la rationalisation des coûts pouvait aller au centre de service partagé …
Le commentaire de "LD "qui apparemment ( ?) intervient, de près ou de loin, dans le conseil de gestion de patrimoine est assez éloquent concernant l’avenir de la profession à moyens/longs termes …
Un certain « âge d’or » est derrière nous même si les opérations de concentration vont se poursuivre encore quelques temps …
Les grandes manœuvres sont loin d’être terminées !
Reprenant mon bâton de pèlerin, je répète à l'envi (pour Jo, je ne fais pas de faute, il n'y pas de E à la fin du mot) que les concessions cathédrales n'ont jamais eu de "nécessité" à exister. Comme le dit Me Vidal, celles qui pourront être transformées en logement ou autres surfaces commerciales, ce sera bingo pour le propriétaire des murs. J'ai un très bon pote qui en a fait son métier depuis 20 ans, c'est inimaginable le nombre de concessions, cathédrales ou églises ou même chapelles, qui sont devenues des supermarchés, des garde-meubles, des banques ou que-sais-je encore.
Pour les autres, ils auront leurs yeux pour chialer et ils pourront toujours maudire le Constructeur qui leur aura imposé de tels standards rocambolesques, too late.
@Lucos : commentaire intéressant sur la source des profits chez un concessionnaire où "la banque" a largement remplacé "la bagnole". Certes cher Lucos, mais c'est quand même la bagnole qui est à l'origine du financement. Donc l'attrait du VN reste entier. Sans le VN, point de financement.
je disait effectivement que la vente VN est devenue le support de l'activité financière.
Le pire étant au niveau des vendeurs qui ne pensent qu'à cela et surtout quand ils ont ramé pour toucher 10% de la marge brute de 300 € sur un low-cost avec aide de l'état et que le financement leur rapporte 10 fois plus !
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Cela ne change rien au débat... qui est vaste et pour certains vital.
Les constructeurs vont donner de plus en plus dans l’avenir le « la et le bémol » aussi!
Le hard vendu par les GAFA a de moins en moins de petit mécaniciens!
Ce qui veut dire que les VP vont devenir de plus en plus fiables et des déplaçoirs...exemple plus de coupés et même plus de coccinelles chez VW !
Les constructeurs qui ne feront pas de la fiabilité dans l’avenir seront condamnés à disparaitre!
Cela va craindre pour la rentabilité des distributeurs indépendants dans l’avenir!
Cela a déjà été dit par ailleurs. Bien sûr qu’il faut que je tape sur les constructeurs allemands et leurs dérives de stratégie industrielle qui croient que le client final restera toujours une vache a lait et toujours idiot !
Salut aussi les « créateurs d’automobiles » mais ceux-ci avec leur culture apprise au Japon vont faire bouger les lignes allemandes...
Moi j’aimerais bien acheter un caisse allemande mais j’ai pas les sous pour une i8 ...snif, snif!
Certains voient ici l'avenir des ventes avec ùn écran et ùn stagiaire comme chez Maque Donald,vous vous mettez le doigt dans l'œil ,ca và etre de plus en plus pointu et seuls les commerciaux briantissimes enverront du bois.
Cher Druide que s'est il passé avec Audi et le déménagement a Bonneuil,z'ont pas l'air content les Teutons?manque de parole chez Metin ?baston avec les héritiers et les beaufs?
P....n une journée sans insultes ,Champagne
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En revanche vous parlez d'un site Audi à Bonneuil ... Je vais vous parler de Maison Alfort ... C'est pas si lojn ...!
Lorsque Metin a repris Zanetti Automobiles (les sites de l'avenue de la république pour les familiers) il y a quelques années, je ne sais si l'immobilier était dans la corbeille du fonds de commerce ...
Peut-être est ce Monsieur Zanetti qui en avait conservé la propriété dans le cadre d'une SCI ...(?)
En tous cas, le site Vw a migré en une impressionnante opération immobilière (pas mal de doigts de pieds potentiels) dont peut-être le
"très bon pote à Bruno" se trouve être l'un des promoteurs (?) au passage. Le monde est petit parfois (ou souvent ?).
Dans les deux cas, probablement
Xavier CHAMPAGNE a-t-il la réponse à ces questions, lui ...!
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