Publicité
Publicité
Analyse - 15/10/2020

Automobile :  restaurer la confiance, un impératif !

Par Collectif

Nous publions la Tribune libre parue dans Les Echos le mercredi 14 octobre signée par les Présidents des organismes représentants la filière automobile et trois organisations syndicales.

L’automobile a besoin d’une politique stable, claire et concertée. Prélever toujours plus aux consommateurs, et exiger toujours plus rapidement des adaptations structurelles auprès des acteurs de la filière, sans évaluer correctement les questions de la soutenabilité économique et de l’acceptabilité sociale conduit à une impasse.

Une stratégie automobile s’inscrit dans le temps long, et correspond aussi à un marché dicté par les choix de consommateurs libres, responsables et éclairés. Il ne s’agit pas de déséquilibrer les termes du débat, au mépris de réalités territoriales et sociales très fortes. L’automobile et la mobilité tissent le lien social et restent plébiscitées dans toutes les enquêtes d’opinion. 

Depuis plus d’une décennie, l’environnement réglementaire et fiscal qui structure le marché connaît une révolution permanente, à telle enseigne que son équilibre général est devenu illisible et profondément anxiogène. Le système de bonus/malus et prime à la conversion a fait l’objet d’adaptations incessantes, souvent précipitées. Stabilité et visibilité permettraient au contraire d’instaurer un climat de confiance, tant pour les consommateurs que pour les acteurs de la filière, en posant des cadres adéquats à leurs investissements. 

Les mesures du plan de soutien automobile porté par le Président de la République le 26 mai dernier ont été de bons choix, en particulier en permettant un rebond à court terme après un effondrement historique du marché au printemps, et en favorisant la sauvegarde de l’emploi et l’embauche d’apprentis. Or, force est de constater que le projet de loi de finances apparaît, à ce stade, en contradiction avec la volonté de pérenniser une filière de premier plan et d’attirer en France des investissements massifs. Le fil conducteur doit rester la valeur ajoutée et l’emploi sur le sol national.

La très forte augmentation du malus sur le CO2, bien au-delà des exigences de la trajectoire européenne, le déplafonnement du barème, la création d’une nouvelle taxe sur le poids des véhicules, indépendamment de leur performance environnementale, la baisse des bonus pour les véhicules électriques et hydrides, et l’exclusion de tout diesel du dispositif de la prime à la conversion… autant de facteurs de fragilisation, au cœur de nos territoires, d’un tissu industriel et d’activités de services qui, au total, pèsent près d’un million d’emplois dans notre Pays. 

Où est la cohérence ?
•    On crée de nouveaux impôts pesant sur un produit du quotidien déjà surtaxé, alors que le principal enjeu est de réussir à proposer des véhicules plus propres à un coût abordable et accessible à tous.
•    Le malus poids est en contradiction avec le cadre européen.
•    Le cumul des malus CO2 renforcés et d’un malus poids impacterait plus de 70 % des véhicules fabriqués et vendus en France, en totale contradiction avec l’objectif affiché d’une localisation de la production automobile dans notre pays.

La confiance est une condition de la réussite de la transition écologique dans laquelle notre filière s’est engagée comme jamais. Avec des résultats tangibles puisque la part de marché des véhicules électriques et hybrides rechargeables a plus que triplé en France depuis le début 2020 pour atteindre presque 10%. 

Il faut mettre un terme aux changements incessants de fiscalité. Il faut renoncer aux changements non concertés, définir une stratégie à 5 ans, tout en maintenant l’Etat à égale distance des différentes solutions technologiques. Cette stabilité doit être aussi recherchée à l’échelle communautaire, dans le cadre du "Green Deal". Cela signifie que la France cesse de sur-réglementer de manière isolée et contribue encore plus activement, de concert avec l’Allemagne, à une stratégie européenne pour l’automobile. 

Une relance responsable passe par la formation et l'emploi, mais aussi par la rentabilité des entreprises, la capacité d'innovation, d’investissement et l'accès de tous aux solutions de mobilité.

Il faut de la concertation, sereine, complète et objective, et s’inscrire dans une trajectoire de progrès économique et social, soutenable pour chacun. Nous y gagnerons tous, pour passer du "toujours plus" au "toujours mieux", car la filière doit continuer à apporter ce qu'elle a de meilleur : la croissance et la liberté.


Luc CHATEL, Président de la Plateforme Automobile (PFA), ancien Ministre

Francis BARTHOLOME, Président du Conseil National des Professions de l’Automobile (CNPA)

Claude CHAM, Président de la Fédération des Industries des Equipements pour Véhicules (FIEV)

Thierry COGNET, Président du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA)

Thierry ARCHAMBAULT, Président délégué de la Chambre Syndicale des Importateurs d’Automobiles et de Motocycles (CSIAM) 

Fédération FO de la Métallurgie (Métallurgie et Services de l’Automobile) 

CFE-CGC Métallurgie branche des services de l’automobile 

CFTC Métallurgie

Publicité

Réactions

Chatel se réveille face à la dictature verte.....enfin

RTL vient d'annoncer l'adoption d'un Supermalus au poids au dessus de 1800 kg en échange d'un aplanisment de l'augmentation du Malus. Qui aurait négocié cela ??
A vérifier et suivre..
;0)

La mort des VE,les plus lourds!!!

Après s'être foutu de la gueule du monde pendant des décénies à propos des normes antipollution, les constructeurs s'émeuvent de ne plus être invités à la table des négociations... Un grand merci au passage à VW aux performances remarquables sur ce sujet.

Ma foi, texte remarquablement bien rédigé.
J'espère que le malus poids sera retoqué par la Commission européenne. Marre de ces hauts-fonctionnaires français qui en rajoutent une couche sur la réglementation européenne déjà sévère.

@Alain, si ce malus poids est maintenu, ce ne sera pas la mort du VE comme vous l'annoncez, car les constructeurs proposeront des VE de moins de 1800 kg ; il y en a déjà pas mal sur le marché.
Oui, le SUV Jaguar électrique (et ses concurrents similaires) recevra le malus. La belle affaire, au lieu d'en vendre 10 par an en France, Jaguar en vendra 1, voire 0. Ca ne changera pas fondamentalement la carrière commerciale de l'engin.

les Hybrides et VE sont exclus de ce supermalus.
Pour d'autre engins comme les quadricycles VE par exemple, le poids de batteries est déduit du poids total.
;0)

Cette initiative mérite d'être saluée ...
Bien écrite comme le souligne Bruno Haas, mais n'est ce pas la moindre des choses (?).
De fait, le texte pointe bien les incohérences de la conduite de l'Etat au regard de la pérennité du secteur automobile dans tous ses compartiments, notamment au regard de ce qui concerne la fiscalité punitive (ou pas).
Ce "plaidoyer positif" mérite d'être entendu, le sera-t-il, c'est à espérer !

A propos du titre me revient une citation : " La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres. " ... Elle est diablement d'actualité ... Pas simplement qu'en lien avec les sujets "automobile" ...
;0)

Donc il suffit d’adjoindre une 10kwh dans le coffre pour être exempté,Messie les ingénieurs à vos tables de travail

ou de faire des voitures de 1799 kg..
ou de faire 5 gosses..
;0)

ADRX,
Restaurer la confiance, un impair hâtif ?
(Au fait il est où le Clerion ?)
;0))

... "Coincé" chez un restaurateur ?
Ne le clerionnez pas ...!
;0))

Votre commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire

Autres articles

Services

DMS : Imaweb se développe par acquisition en Europe

Après avoir fusionné en 2019, les deux fournisseurs de DMS, l’espagnol Imaweb et le français Datafirst-I’Car Systems, sont désormais réunis sous une unique marque, Imaweb, qui pèse plus de 40% des marchés français et portugais et environ 30% du Benelux, grâce à de récentes acquisitions qui ont encore augmenté son potentiel.

Nominations

Euisun Chung nommé Président de Hyundai Motor Group

Lors de la réunion extraordinaire des conseils d'administration de Hyundai Motor Company, Kia Motors Corporation et Hyundai Mobis Co, les membres ont approuvé à l'unanimité la nomination de Euisun Chung à la présidence de Hyundai Motor Group, succédant à Mong-Koo Chung.

Analyse

Confus Panda !

Un panda, c’est 100 kg de pure tendresse. Enfin ça, c’est ce que je croyais jusqu’à la semaine dernière.

Analyse - 27/03/2023

Data Act : retrouver dans le nouveau monde connecté, l’essentiel de la richesse de l’ancien

Après des années de bagarre et de frayeur, l’après-vente indépendante - largement épaulée cette fois ci par les réseaux de marque – est assez bien partie pour que les velléités impérialistes des constructeurs soient déjouées. De fait, en prenant pour principe fondateur de son Data Act que les données appartiennent aux consommateurs qui doivent être décisionnaires lorsqu’il s’agit de déterminer quelles informations sont transmises, à quels prestataires et pour quels usages, la Commission européenne, soutenue par le Parlement, pose les bases d’une conception très ouverte à la concurrence et à la diversité des acteurs et des traitements de l’information véhicule. Sont ainsi respectées les caractéristiques fondamentales d’un système automobile ouvert qui échappe de facto assez largement à des constructeurs qui seraient bien inspirés de renoncer une bonne fois pour toutes à leur vieux rêve d’être les acteurs omniscients et omnipotents des systèmes d’usage des automobiles.

Analyse - 20/03/2023

La problématique composante chinoise de la bonne santé financière des trois constructeurs allemands

La longue série des entreprises qui viennent annoncer des volumes produits ou vendus moindres et des chiffres d'affaires et profitabilités extraordinaires s’est poursuivie avec les trois grands constructeurs allemands. Alors que le Président chinois vient rendre visite au Président russe, l’analyse des comptes de Volkswagen, Mercedes et BMW montre que la nécessité de prendre quelques distances par rapport à la Chine souvent soulignée ces derniers mois n’est pas à l’agenda et que les protestations de Bruxelles ou de Washington pèsent bien peu face aux équations économiques en jeu. De ce point de vue, l’annonce par Volkswagen de son plan d’investissement très électrique vient indiquer que les constructeurs considèrent que c’est eux qui mènent la danse et qu’un ministre, fût-il allemand, ne saurait dévier un constructeur de la trajectoire qu’il s’est donné.

Analyse - 17/03/2023

Pourquoi Volkswagen doit absolument réussir en Amérique du Nord ?

Oliver Blume n’a pas hérité d’une tâche facile entre Cariad, la guerre économique avec la Chine et un mix produit à redéfinir, il faut être sur plusieurs fronts à la fois. Dans ce contexte, Volkswagen doit absolument poursuivre son redressement en Amérique du Nord. Ce marché, longtemps sous-estimé par Volkswagen, est devenu un axe stratégique majeur pour le leader Européen.

Analyse - 15/03/2023

Pourquoi le "veto" à l’interdiction des moteurs thermique en 2035 n’est pas une surprise

Le "veto" de l’Allemagne pour bloquer l’interdiction des moteurs thermiques n’est qu’une demi surprise. La décision de la première économie européenne s’est prise avec le soutien de l’Italie, la Pologne et la Bulgarie. La réouverture du débat devrait faciliter les relectures initialement prévues pour 2024, puisque les discussions pourront avoir lieu sans nécessiter de détricoter des régulations.

Analyse - 13/03/2023

Sino-dépendance versus sino-indépendance : la nouvelle ligne de fracture dans l’automobile

La Chine n’est plus un eldorado pour les constructeurs et l’axe qui unit Moscou à Pékin rend la sino-dépendance de certains d’entre eux et, particulièrement, des constructeurs allemands de moins en moins soutenable. Dans ce contexte, les premiers de la classe dans la fin des années 2010 risquent d’avoir du mal à tenir leur rang face aux derniers qui sont prémunis contre le risque chinois par le fait qu’ils n’y ont jamais réussi. Il s’agit là d’une nouvelle ligne de fracture dont l’importance s’affirme de mois en mois. Elle divise les Allemands entre eux et devrait logiquement conduire à ce que l’UE soit plus ferme dans sa quête d’une sino-indépendance. Ceci n’implique pas forcément de remettre en question l’électrification mais appelle d’assez nettes inflexions dans la gestion du dossier.