14/11/2025
Les acteurs du recyclage du plastique réclament des mesures d'urgence à Bruxelles
Par AFP
(AFP) - Les recycleurs de plastique, au premier rang desquels le géant français Veolia, ont réclamé jeudi à l'Europe des mesures d'urgence pour créer un "choc de la demande" face à la concurrence des importations de plastique vierge, notamment de Chine.
A la COP30 à Belém, "l'Europe continue de prendre des engagements climatiques très ambitieux", mais parallèlement, "laisse s'effondrer un pilier essentiel de la transition écologique: le secteur du recyclage du plastique", a déploré Denis Bonvillain, directeur des affaires publiques de Veolia pour l'Europe, lors d'un point presse à Bruxelles.
"En trois ans", le secteur a connu selon lui "une trentaine de fermetures de sites en Europe" et perdu "l'équivalent d'un million de tonnes de capacités de recyclage", pour tomber à environ 13 millions.
"Le secteur est en crise parce qu'il souffre d'un manque de demande", a-t-il déclaré.
Une désaffection qui s'explique par la chute du prix du plastique vierge depuis 2022, conséquence notamment de la mise en service d'une importante capacité de production par la Chine, selon Sven Saura, vice-président déchets solides et solutions de recyclage pour Veolia.
"On parle de 60 millions de tonnes de capacité, soit 15%" supplémentaires , "ce qui est considérable et a fait chuter les prix du plastique vierge", a-t-il déclaré.
Si le plastique vierge est traditionnellement moins cher que le recyclé, l'écart s'est agrandi ces dernières années : la tonne de PET vierge se négocie actuellement "entre 800 et 900 euros la tonne", contre 1.800 euros pour le recyclé, selon Arnaud Mittelette, de Sources Alma (Cristalline, St-Yorre, Vichy Célestins, notamment).
Avec Veolia, le groupe a construit une usine de recyclage de PET près de Bruxelles, à Charleroi.
Tous plastiques confondus, recyclés comme vierges, les importations européennes de matières produites dans des pays tiers ont "doublé en cinq ans", selon Sébastien Petithuguenin, directeur général du groupe Paprec.
Comme Veolia, il évoque auprès de l'AFP "une concurrence déloyale" de l'Asie et notamment de la Chine.
Afin de soutenir l'industrie européenne, Veolia, épaulé par le syndicat professionnel Plastics Recyclers Europe, a présenté un "plan d'action" centré autour de "l'obligation de recyclage".
Les recycleurs souhaitent que ce type de législation, déjà en place pour les bouteilles en PET ou polyéthylène téréphtalate, qui contiennent eaux minérales et sodas, soit étendue à d'autres types de plastiques et donc d'autres secteurs de l'économie.
Si Bruxelles prévoit un "Circular Economy Act" pour fin 2026, elle pourrait prendre de premières mesures dès début décembre 2025 compte tenu de l'urgence, estime M. Bonvillain, d'où ce "plan d'action" pour "peser" sur les discussions en cours.
Sans soutien suffisant, les acteurs craignent de perdre de nouvelles usines et de ne pas être en mesure de permettre à l'Europe de remplir ses objectifs de production de plastique recyclé.
La réglementation prévoit aujourd'hui une moyenne d'incorporation de 25% de plastique recyclé dans ces bouteilles, et 30% d'ici quatre ans. "Nous demandons une obligation plus ambitieuse et anticipée, avec 35% dès 2027", a indiqué M. Bonvillain, qui souhaite aussi une obligation d'incorporation pour les plastiques employés dans l'industrie automobile.

