Le "J’accuse" de François Zimeray, avocat de Carlos Ghosn
Dix mois après son arrestation, Carlos Ghosn n’a toujours pas accès à son dossier. Même s’il n’est plus en prison, il reste privé de liberté. Nous avons rencontré François Zimeray, l’un de ses avocats, qui nous a détaillé la situation de son client. Dans l’équipe de défense de Carlos Ghosn, Maître François Zimeray ne s’exprime pas sur le fond du dossier. Ancien ambassadeur de France pour les droits de l’Homme, il intervient pour alerter sur les violations des droits de l’Homme qu'il estime être commises par le procureur japonais et il est inquiet pour son client : "Aujourd’hui, ma crainte, c’est qu’il n’y ait pas de justice du tout. Parce qu’une justice où on ne peut pas se défendre, ce n’est pas une justice", nous a-t-il précisé. Depuis le départ "rien ne s’est passé normalement", rappelle l’avocat. Arrêté dans le cadre d’un piège qui le faisait venir à Tokyo ainsi que Greg Kelly, l'un des administrateurs de Nissan (alors souffrant) sous un faux prétexte, Carlos Ghosn est arrêté après le passage des contrôles au sein de l’aéroport alors qu’en même temps des images destinés aux médias du monde entier fabriquent le décor d’une arrestation dans son avion privé. "Il fallait mettre en scène cette arrestation pour l’humilier publiquement. Pour le présenter comme coupable avant même qu’il fut jugé. Quand je dis mettre en scène, je suis en dessous de la réalité. Il fallait fabriquer un décor", dit François Zimeray. Les conditions de son incarcération ensuite. "Ils l’ont interrogé pendant des jours, des semaines, sans avocat, jour et nuit, jusqu’à ce que ses avocats japonais écrivent aux juges "cesser de torturer notre client". Ce sont des gens mesurés, pourtant c’est le mot qu’ils ont employé." Les conditions de sa libération également sont entachées d’atteintes aux droits de l’Homme, nous explique l’avocat. Ainsi, depuis sa sortie de prison, Carlos Ghosn a interdiction de tout contact avec sa femme et plusieurs demandes ont été rejetées. "Il n’a pas le droit de la voir, pas le droit de lui écrire, il n’a pas le droit de lui parler même au téléphone. Jusqu’à quand ? durée illimitée. Pourquoi ? pas motivé." Le cas de Carlos Ghosn dépasse largement le cadre de l’entreprise. Il y a dans cette affaire une dimension politique. Indéniablement, l’interventionnisme de l’Etat français (s’il n’en est pas la cause) en est au moins une démonstration. Il en est de même côté japonais. "Quand des réunions ont lieu au ministère japonais de l’industrie avec le procureur et Nissan pour piéger Carlos Ghosn, c’est politique", souligne François Zimeray. Ce lundi 16 septembre, Hiroto Saikawa a quitté la direction de Nissan après avoir été mis en cause par l’audit remis au conseil d’administration la semaine dernière. Il n’a pour autant pas été poursuivi ni incarcéré. D’autres cadres dirigeants sont mis en cause par l’audit mais ne sont même pas cités. Un "deux poids deux mesures" justifié ainsi dans le communiqué de Nissan du 9 septembre : "Compte tenu de la nature du rapport en tant que document interne à l'entreprise contenant des informations personnelles extrêmement sensibles, et pour éviter toute poursuite, Nissan ne peut divulguer qu’une vue d’ensemble." "Personne ne dit que Carlos Ghosn est au-dessus des lois. S’il y a des accusations graves, il doit y répondre et il le souhaite d’ailleurs. Il ne demande pas plus la compassion. Il sait très bien, et nous savons très bien que quand on évoque son cas, les gens disent "On ne va pas le plaindre". Mais ce n’est pas de le plaindre qu’il s’agit, c’est de lui accorder le minimum d’humanité et de dignité auxquels chaque être a droit et dont il a été privé depuis son arrestation", nous a dit François Zimeray.
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Réactions
A l'évidence, depuis le début, tout ceci transpire et respire l'affaire d'État (cf. Le parallèle que jetablissais avec le procès de Jacques Nicolas Fouchet).
Audela de l'estime ou non que lon puisse avoir pour M. Ghosn, il est grand temps que nous portons, nous aussi, l'affaire sur un même plan: politique. Défense élémentaire des Droits de l'Homme a minima et de nos intérêts nationaux.
Allez, lançons depuis Autoactu, une pétition nationale à adresser à l'Ambassade du Japon. Des volontaires?
Fouchet = Fouquet etc. Désolé...
Si vous en doutiez, elle est confirmée par cette affaire
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"Ils" sont allés tellement loin dans le mauvais traitement que l'on voit mal ce qui pourrait inverser la tendance "sans se faire dessus" ...ce qui semble inimaginable au Japon, à fortiori
Il y a effectivement des différences de traitement à l'instar du sieur Saikawa (notamment mais jpas seulement) qui interpellent...
Carlos Ghosn pas (plus ?) au dessus des lois ... Pas en dessous non plus et pourtant ...
Qui aurait prédit qu'un jour "Amnesty" soutiendrait la cause de Ghosn ...De quoi sourire avant d'en ...
Bien au delà... La montée des nationalismes exacerbés un peu partout a de quoi faire frémir et je ne suis guère un adepte de l'internationalisme "rampant ou bien pensant ".
Apparemment peu de soutien de notre Diplomatie ,Renault n’avait pas besoin de cela ,et Nissan non plus
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la question n'est pas pour vous.
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Encore au delà...
Comme c'est abordé dans l'article un peu, au delà du seul cas de l'imperator déchu, il y a le côté "on est cheu nous" et les japonais veulent tenter de reprendre la main au sein de l'alliance au delà de la froide répartition capitalistique.. Par exemple, JDS a du forcer la main à Saikawa (loin d'avoir les "fesses propres" par ailleurs) pour avoir deux sièges ou strapontins (?) au C.A.
N'oublions pas que le declencheur, au delà des "pratiques" loin d'être des "best" concernant Ghosn ...c'est l'affaire du dédoublement des droits de vote dont nous connaissons tous l'instigateur (comme celle du dossier Alstom/GE ou l'inverse).
Probablement, la raison pour laquelle on s'en tient diplomatiquement (sinon suavement ) à la "présomption d'innocence" dans les échanges étatiques...
CG bénéficie d'un traitement de faveur "grand luxe" que lui envierait n'importe quel gilet-jaune incarcéré après avoir été copieusement matraqué, voir éborgné.
Maintenant, pour ceux qui ne connaissent pas le Japon, où n'y ont jamais vécu, il est de notoriété publique qu'il vaut mieux tout faire pour éviter leurs geôles et autres cellules de dégrisement où la surface au sol ne permet même pas à tous les prisonniers qui y sont entassés de se coucher en même temps....évitez donc les bagarres de sortie de bars, surtout avec des australiens qui ont l'alcool mauvais....
Alors CG, qui faisait partie du "gratin" de Davos serait-il un citoyen au dessus des autres ? Une sorte d'élite supérieure quasi-intouchable et à qui nous devons tous les égards ? Nous les gueux, devons nous incliner, lui baiser les pieds, c'est ça ?
La justice Japonaise a forcément suffisamment de preuves en sa disposition au sujet des "magouilles à CG"...peut-être veulent t-ils juste éviter que l'argent ne disparaisse avant de pouvoir le récupérer....
PS : à noter que Carlos a aussi été Gilet Jaune le jour de sa libération…
Etonnant non ?
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je commentait le msg de Didier et la mansuétude des Japonais pour eux-mêmes.
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La société verticale japonaise fout les jetons à nous occidentaux rétrospectivement après avoir lu le bouquin...et aux femmes japonaises disons au passage.
Et au fait le bouquin aussi du directeur de la centrale de la centrale de Fukushima, (il est mort depuis) ce qui a évité de déménager Tokyo, ce qui fout les jetons radioactifs à ceux de là bas.
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Les ondes radioactives traversent les frontières, vous imaginez la maline?
Nous avons les meilleurs femmes du monde, les plus futées, et je ne peux rien faire sans la mienne, c'est vous dire.
Très bon synthèse de Maitre Zimeray.
Comme Didier Carraux, le propose, lançons via Autoactu une pétition de soutien à M. Goshn, pour que ces droits soient respectés.... Ce ne doit pas être une pétition pour le déculpabilisier. La justice décidera légitimement , une fois que chaque partie aura eu accés aux mêmes informations et aura eu le temps de préparer ses arguments.
Mais pour cela M. Goshn doit voir ses droits être respectés....je signe pour un soutien dans ce sens.