19/05/2025 - #Hyundai
Les pays de l'Asie-Pacifique "inquiets", Séoul reprend ses discussions avec Washington
Par AFP
(AFP) - Les pays de l'Asie-Pacifique, dont la Chine et les Etats-Unis, se sont dits vendredi "inquiets" des "défis fondamentaux" assombrissant les échanges mondiaux, à l'issue d'une réunion ministérielle sur fond de guerre douanière, en marge de laquelle Séoul a repris ses négociations avec Washington.
Les ministres du Commerce des 21 économies de l'APEC (Forum de coopération économique Asie-Pacifique) se sont réunis pour deux jours dans l'île de Jeju en Corée du Sud, dans un environnement bousculé par l'offensive douanière du président américain Donald Trump.
"Nous sommes inquiets des défis fondamentaux auxquels est confronté le système commercial mondial (...) nous réaffirmons notre engagement commun à faire progresser l'intégration économique dans la région Asie-Pacifique", ont-ils souligné dans une déclaration finale commune.
Le ministre sud-coréen du Commerce, Cheong In-Kyo, a cependant reconnu devant la presse que ce communiqué avait été obtenu de haute lutte en raison de "divergences de position significatives", surmontées "à la dernière minute".
L'APEC, qui regroupe les pays du pourtour Pacifique (Australie, Vietnam, Thaïlande, Japon, Chine, Canada, Etats-Unis, Mexique, Chili...), a rappelé l'importance des structures internationales telles que l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et de "chaînes d'approvisionnement durables".
"Cela envoie un signal très positif aux marchés mondiaux", montrant que "les membres de l'APEC peuvent collaborer pour naviguer efficacement à travers un contexte commercial mondial très incertain", s'est félicité Cheong In-Kyo.
Etait notamment présent à Jeju le représentant américain au Commerce Jamieson Greer, qui a multiplié les entretiens bilatéraux en marge de la réunion.
Il a ainsi rencontré jeudi le vice-ministre chinois du Commerce Li Chenggang, quelques jours après la conclusion d'une trêve dans les lourdes surtaxes douanières que s'imposent Pékin et Washington, ainsi que le ministre malaisien Tengku Zafrul Aziz.
"Dialogue"
Et après avoir vu M. Cheong, Jamieson Greer devait encore s'entretenir vendredi avec le ministre sud-coréen du Commerce et de l'Industrie Ahn Duk-geun.
"Nous espérons que nous pourrons faire avancer notre dialogue", après de premiers pourparlers à Washington, a commenté M. Cheong.
Avec un excédent commercial de 66 milliards de dollars avec les Etats-Unis l'an dernier (juste derrière le Vietnam, Taïwan et le Japon en termes de plus gros excédents), la Corée du Sud est dans le viseur de Washington.
Le pays, très dépendant de ses exportations, est déjà touché de plein fouet par les surtaxes douanières de 25% sur l'automobile imposées début avril par Donald Trump. L'industrie automobile constitue 27% des exportations sud-coréennes vers les Etats-Unis.
M. Trump avait par ailleurs annoncé le mois dernier des surtaxes "réciproques" généralisées atteignant 25% sur les exportations sud-coréennes, avant de les suspendre jusqu'à début juillet.
Séoul espère y échapper en concluant un "accord global" avec les Etats-Unis, notamment en apportant son assistance dans la construction navale --secteur où la Corée du Sud est leader après la Chine et où les Etats-Unis entendent se muscler pour réduire leur dépendance.
Dans ce cadre, Jamieson Greer a rencontré vendredi à Jeju un influent patron sud-coréen, Chung Ki-sun, vice-président de HD Hyundai, géant des chantiers navals. Une rencontre avec un dirigeant de Hanwha Ocean, autre mastodonte du secteur, était prévue.
HD Hyundai a indiqué dans un communiqué avoir proposé à M. Greer une collaboration pour la fabrication de grues portuaires, et proposé "des axes de coopération" : développements technologiques conjoints, formation de main-d'oeuvre qualifiée...
Le ministre Ahn Duk-geun pourrait par ailleurs aborder la possibilité d'un accroissement des importations sud-coréennes de gaz naturel liquéfié (GNL) américain, ainsi que le taux de change du won, monnaie que Washington accuse d'être sous-évaluée,selon les experts et médias locaux.
Autre sujet sensible : Washington a ouvert en avril une enquête sur les semi-conducteurs, ouvrant la voie à des surtaxes douanières sur ce secteur.
Au risque de menacer les deux mastodontes sud-coréens des puces, Samsung Electronics et SK hynix. La Corée du Sud, a exporté aux Etats-Unis pour 10,7 milliards de dollars de semi-conducteurs en 2024.
La guerre commerciale intervient alors que la Corée du Sud sort fragilisée d'une longue crise politique qui a entraîné la destitution du président Yoon Suk Yeol.
L'activité économique du pays s'est contractée de manière inattendue de 0,1% au premier trimestre 2025.