Publicité
Publicité
Hommage - 11/10/2022

Rodolphe de Willermin nous a quittés

Par Xavier Champagne Chef de rubrique

Rodolphe de Willermin nous a quittés
Rodolphe de Willermin a été l'un des plus importants et des plus prospères distributeurs Mercedes avec le groupe de 19 concessions qu'il a fondé en 1973.

Rodolphe de Willermin, entrepreneur audacieux, laisse derrière lui un groupe de distribution prospère, dirigé depuis plusieurs années par son fils Henri, un groupe qu'il a fondé en 1973, avec l'acquisition de sa première concession Mercedes.

Rodolphe de Willermin est décédé mardi dernier des suites d’une longue maladie. Il avait 82 ans. Une cérémonie d’adieu a eu lieu vendredi en l'église Saint-Jean-de-Malte d'Aix-en-Provence.

Rodolphe de Willermin a longtemps été le plus important et le plus prospère distributeur Mercedes de France. Il a créé sa première concession Mercedes en 1973 et l'a racheté sur ses fonds propres en 1985. "Pour cela, il m’a fallu hypothéquer ma maison", racontait-il, dans un entretien accordé il y a un an au Monde des grandes écoles et universités (*). Avant de se mettre à son compte, cet entrepreneur dans l’âme avait déjà acquis de l’expérience professionnelle en lançant notamment une marque de haute couture française sur le continent américain. 

D’origine anglaise, il a choisi de s’installer sur Marseille "pour avoir au moins 300 jours de soleil par an". "Pour un entrepreneur, l’audace est une qualité indispensable. Je me suis ainsi installé à Marseille contre l’avis de tous, et j’ai bien fait !". Il va en effet créer un groupe de 19 concessions Mercedes (VP, VUL et VI), majoritairement situées dans le sud-est de la France, qui sera régulièrement classé parmi les plus rentables de France, avec des ratios oscillant entre 2,5% et 3%, selon les années.

En 2005, il anticipait déjà la forte concentration du secteur. Estimant que le nombre d’investisseurs Mercedes ne dépasserait pas une quinzaine en 2020, il avait choisi de tout miser sur ce constructeur premium pour en devenir le premier représentant. Ce monomarquisme lui permet alors de ne gérer qu’une relation avec un constructeur et de disposer d’une structure managériale allégée : "Nous n’avons qu’un responsable pour nos 19 points de vente, les chefs de vente faisant office de directeurs, tandis que des directions transverses gèrent la qualité, le marketing, la finance...", expliquait en 2015 son fils Henri, alors directeur général et depuis président du groupe.

Très tôt, Rodolphe de Willermin misera sur le financement pour assurer la bonne rentabilité du groupe. Il sera aussi l’un des premiers à créer sa propre école de formation, la "de Willermin Academy", pour constituer ses équipes dont le turn over est particulièrement faible. "Les deux tiers des étudiants qui font leur alternance chez nous restent, à raison de 55 contrats de qualification par an. Ici, l’humain est au centre des préoccupations. Et ce n’est pas une jolie formule. Avec 19 sites et une mobilité fonctionnelle comme géographique favorisée, si les résultats sont là, les opportunités sont nombreuses et chacun peut trouver «la» voie qui lui permettra de s’épanouir. C’est bien entendu également pour la richesse de leurs parcours que les collaborateurs restent fidèles à l’entreprise. Et aussi, parce qu’ils y sont reconnus à leur juste valeur. Je parlais de l’audace mais, avec le temps, l’humilité est tout aussi importante : ne pas prendre la grosse tête et laisser de plus compétents que soi décider dans leur domaine, c’est essentiel. Ce qui implique, naturellement, d’être capable de se remettre en question", disait-il.

Ses valeurs, établis dès le départ de son aventure managériale, "ce sont les 3 E, pour Exemplarité (la plus importante), Ecoute et Equité. Je suis certes quelqu’un d’un peu ferme, mais parfaitement juste", disait-il.

Finalement, Rodolphe de Willermin regrettera d’avoir mis tous ses œufs dans le même panier. Lui qui avait pour principe d’être "avant tout, maître de son sort" sera en effet contraint par Mercedes de céder une partie de son territoire (Montpellier, Nîmes et Sète) pour ne pas avoir réalisé les investissements demandés à Montpellier. Amer, il dira à notre confrère l’Argus (en juin 2021) : "A plusieurs reprises par le passé, nous leur avons enlevé des épines du pied en rachetant et en redressant des concessions qui perdaient de l’argent"… "Mais les interlocuteurs changent tous les trois ans à la tête des constructeurs et n’ont plus la moindre reconnaissance envers les distributeurs".

Le groupe de Willermin  reste néanmoins l'un des tout premiers distributeurs Mercedes de France. Il emploie 686 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de 533 millions d'euros en 2021 pour une rentabilité de 2,5%.

(*) La plupart des citations de Rodophe de Willermin sont tirées de cet entretien.

Réactions

Je n'ai jamais travaillé dans la distribution automobile, mais selon cette news la carrière de cet entrepreneur fut exemplaire ...et par contre le silence de tous ceux qui y travaillent est assourdissant !
Si par hasard vous êtes tous partis en vacances aujourd'hui...la news reste sur le serveur d'Autoactu pour que vous pouviez vous exprimer plus tard !
Demain je suis occupé, j'ai une pièce de théâtre à voir: "Le bal des hypocrites !"

8 ans au service de ce PDG qui laisse un grand vide derrière lui.
Toujours présent, il faisait en sorte de passer sur chacun de ses sites au moins une fois par semaine. Toujours un petit mot pour chacun.
Mais on se souviendra d'un patron qui ne se laisser pas faire face à un constructeur qui ne lui a pas toujours fait des cadeaux.
Personnellement, il est un exemple pour moi et il me manquera énormément.

Votre commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire

Autres articles

Marchés

Logistique véhicule : un marché désorganisé et spéculatif, nouveau goulet d'étranglement du marché automobile

L’acheminement des véhicules en concession subit une conjonction de facteurs qui en ont dégradé considérablement le service : capacité de transport en baisse, pénurie de chauffeurs, hausse des coûts, changements règlementaires… Si Stellantis en paye le prix fort en raison d’un changement de prestataire et de système informatique aucune marque n’est épargnée.