28/10/2025 - #Ford , #Toyota
Visite de Trump au Japon : pick-up, balles de golf, gaz russe et investissements
Par AFP
(AFP) - La visite de Donald Trump au Japon, qui débute lundi, est lourde d'enjeux pour l'archipel, proche allié de Washington pénalisé par les surtaxes douanières et sommé d'investir massivement aux Etats-Unis tout en musclant ses dépenses militaires.
Donald Trump rencontrera l'empereur Naruhito et la Première ministre Sanae Takaichi, en poste depuis à peine une semaine. Celle-ci a assuré vouloir porter à "de nouveaux sommets" la relation nippo-américaine.
La dirigeante conservatrice était une proche de l'ex-Premier ministre Shinzo Abe, assassiné en 2022, qui avait tissé des relations cordiales avec M. Trump lors du premier mandat de celui-ci.
"J'entends des choses merveilleuses (sur Mme Takaichi)", a commenté Donald Trump avant sa visite, saluant la proximité de la Première ministre avec Abe, "une personne fantastique".
Selon la presse locale, le gouvernement prévoit d'offrir à M. Trump des clubs de golf ayant appartenu à Shinzo Abe, et des balles de golf plaquées or.
Commerce : l'automobile sous pression
Washington a abaissé mi-septembre à 15% les droits de douane totaux sur les automobiles japonaises, au lieu d'une surtaxe de 25% appliquée depuis avril.
Celle-ci avait fait s'effondrer les exportations de voitures nippones vers les Etats-Unis (elles ont plongé de 24% sur un an en valeur en septembre).
Mais ce nouveau taux est encore jugé trop élevé par les constructeurs.
L'automobile représentait l'an dernier 30% des exportations japonaises vers les Etats-Unis, et l'industrie automobile compte pour 8% des emplois nippons.
M. Trump souhaite également que le Japon importe davantage de produits américains, comme du riz et des voitures, notamment les pick-up Ford F-150.
Selon la presse nippone, le Japon pourrait en acheter une centaine pour l'inspection des routes et barrages, et en exposer certains devant la résidence hébergeant M. Trump.
Mme Takaichi "a excellent goût, c'est un bel engin", a commenté Donald Trump à cette perspective.
Tokyo devrait aussi vanter ses efforts pour importer des véhicules fabriqués aux États-Unis, à commencer par des modèles Toyota.
Enfin, selon la télévision NHK, Tokyo et Washington devraient signer des protocoles d'accord sur les terres rares et la construction navale, secteur où les Etats-Unis entendent rattraper leur retard.
M. Trump doit rencontrer mardi soir des dirigeants d'entreprises nippones.
Investissements : en quête de clarification
En contrepartie d'un accord conclu en juillet, qui abaissait les surtaxes douanières imposées au Japon, les Etats-Unis exigent 550 milliards de dollars d'investissements nippons sur le sol américain.
Les modalités exactes restent discutées et font l'objet d'interprétations divergentes.
Donald Trump a renforcé la confusion en évoquant des montants colossaux "versés d'un seul coup". Le négociateur japonais Ryosei Akazawa a lui assuré que seuls 1 à 2% du montant seraient des investissements directs réels, le reste étant constitué de prêts et garanties de prêts.
Le protocole d'accord stipule que Washington gardera la main sur les secteurs concernés.
Plusieurs groupes japonais, à commencer par certains de l'automobile et le mastodonte des investissements technologiques SoftBank, ont déjà annoncé muscler leurs investissements aux Etats-Unis.
Energie : stopper le gaz russe, acheter américain
Washington demande au Japon de cesser ses importations de produits énergétiques russes.
En 2023, l'archipel a dépensé 582 milliards de yens (3,3 milliards d'euros) pour importer du gaz naturel liquéfié (GNL) russe, selon les chiffres nippons.
La Russie représentait alors 8,9% des importations totales de GNL du Japon.
L'accord commercial Tokyo-Washington implique cependant des achats nippons accrus d'hydrocarbures américains.
Jera, premier producteur d'électricité japonais, a indiqué en septembre envisager des achats importants de GNL issu d'un futur projet de gazoduc en Alaska. Puis le géant gazier Tokyo Gas a annoncé vendredi avoir lui aussi signé "une lettre d'intention" en ce sens.
Défense : dépenses à doper
Le Japon dépend largement des Etats-Unis pour sa sécurité : environ 60.000 militaires américains sont stationnés au Japon, principalement aux îles d'Okinawa, proches de Taïwan.
Or Donald Trump, qui avait jugé déséquilibré lors de son premier mandat le traité de sécurité entre les deux pays, souhaite que Tokyo paye bien davantage pour l'accueil des troupes américaines.
Si Tokyo entendait muscler ses capacités face à la montée en puissance militaire de ses voisins, Chine et Corée du Nord, Sanae Takaichi veut accélérer la cadence et atteindre dès l'exercice en cours l'objectif de 2% du PIB consacré à la Défense.
Mais les responsables américains souhaitent des dépenses encore accrues, potentiellement pour égaler 5% du PIB, ratio réclamé par l'Otan à ses Etats-membres.
Signe de l'importance du thème, M. Trump prononcera mardi un discours à bord du navire militaire USS George-Washington.
