Crise Nexperia : l'inquiétude monte dans l'industrie allemande

   Comme l'automobile, le secteur des machines-outils "est concerné par la pénurie de puces qui se profile, notamment pour les produits équipant des moteurs à combustion", a déclaré à l'AFP Thilo Brückner, responsable au sein de la fédération du secteur VDMA.
   Les groupes électrogènes, ainsi que les machines destinées aux secteurs de la construction et de l'agriculture, pourraient faire partie des équipements affectés, a-t-il ajouté.
   La tension est telle que le ministère allemand de l'Économie a réuni mercredi soir les principaux constructeurs automobiles du pays - deux semaines après un sommet de crise déjà tenu à la Chancellerie - ainsi que des représentants de fédérations sectorielles - automobile, électronique, défense
- pour "rassembler les points de vue sur la crise", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

   Les participants se sont aussi accordés sur le fait que Berlin chercherait à jouer les médiateurs entre la Chine, les Pays-Bas et les États-Unis au sujet des livraisons de puces Nexperia, selon le journal Handelsblatt.
   Invoquant des raisons de sécurité nationale, les autorités néerlandaises ont, le mois dernier, recouru à une loi datant de la Guerre froide afin de prendre de facto le contrôle du fabricant de semi-conducteurs Nexperia, une entreprise basée aux Pays-Bas mais détenue par des intérêts chinois.
   L'entreprise fabrique en Allemagne, à Hambourg, des puces ensuite expédiées en Chine, où elles sont conditionnées, avant d'être renvoyées en Europe ou d'autres parties du monde. 
   Mais Pékin a interdit ces réexportations, faisant rapidement monter les inquiétudes des constructeurs automobiles, qui utilisent massivement les puces Nexperia dans leurs systèmes électroniques embarqués.

   La marque Volkswagen a averti mercredi qu'elle ne pouvait exclure des arrêts de production "à court terme". 
   Les analystes de Deutsche Bank ont de leur côté estimé jeudi que la production automobile allemande pourrait chuter de 30% dans un "scénario du pire", avec un recul plus probable de l'ordre de 10%.
   Interrogé sur une éventuelle aide du producteur allemand de puces Infineon pour remplacer les puces de Nexperia, un porte-parole d'Infineon a déclaré à l'AFP que l'entreprise est "en contact étroit" avec ses clients afin de "renforcer la résilience de leurs approvisionnements".

   Remplacer les puces Nexperia par d'autres composants prendrait du temps, en raison notamment des phases de tests et de certification.
   Cette crise qui couve met de nouveau en lumière la dépendance de secteurs comme l'automobile aux importations de Chine. La fédération allemande de la micro-électronique ZVEI a appelé il y a quelques jours l'Europe a renforcer sa résilience dans ce secteur.