04/09/2025
Michelin demande à Bruxelles des tests d'usure des pneus "en conditions réelles"
Par AFP

(AFP) - Michelin a demandé mardi que la Commission européenne retienne une méthode unique de tests d'usure des pneus, basée sur "les conditions réelles de transport sur route" et non sur des simulations en laboratoire, afin d'élaborer une norme "efficace" pour l'environnement, la santé humaine et l'industrie.
Le groupe français souhaite aussi "éviter que des pneumatiques non conformes ne rentrent sur le marché européen", a expliqué son président Florent Ménégaux, lors d'un entretien avec quelques journalistes.
La demande, d'apparence très technique, est liée à une réglementation en cours d'élaboration (Euro 7) qui introduit pour la première fois en Europe des limites sur les émissions de particules d'usure des pneumatiques, accusées de polluer les nappes phréatiques et l'air ambiant.
"D'ici 2028, des seuils clairs devraient conditionner la mise sur le marché européen des pneumatiques", a déclaré M. Ménégaux. Un comité technique doit se réunir à partir de mercredi à Bruxelles pour trancher sur les méthodes de test retenues.
"Le fait de se demander ce que deviennent ces particules d'usure - constituées par un micro-arrachement de la route et un micro-arrachement du pneu - et d'essayer de mettre des règles par rapport au nombre de particules émises, nous considérons chez Michelin que c'est une bonne chose. L'Europe est pionnière sur ce sujet", a salué le dirigeant.
Mais le fabricant français de pneumatiques "n'est pas du tout d'accord" avec les méthodes de tests d'usure en laboratoire recourant à "une espèce de grande roue sur laquelle on met du papier de verre". Selon lui, ces méthodes de simulation, soutenues notamment par Bridgestone, concurrent japonais de Michelin, permettent de justifier "n'importe quel type de performance" et ne permettraient donc pas d'éliminer du marché les pneus les moins performants.
Michelin, qui dit étudier "depuis des décennies" le sujet de l'abrasion, n'est "jamais arrivé à trouver une bonne corrélation" de cette méthode de laboratoire avec la réalité de l'usure des pneus en condition réelle sur route. "Depuis 2005, nous avons fait des investissements massifs de plus de 100 millions d'euros avec des brevets qui ont été déposés autour de ces questions-là", a précisé M. Ménégaux.
"Nous sommes en face d'un choix stratégique pour l'Europe", a-t-il souligné. "L'Euro 7 est une bonne réglementation, qui est bonne pour l'industrie si on la met en oeuvre correctement. Je ne voudrais pas qu'on ait encore une nouvelle réglementation qui, par sa difficulté ou son manque de rigueur dans l'application, fasse en sorte que cette réglementation soit une contrainte finalement inutile", a-t-il ajouté.