20/11/2025
Puces : les Pays-Bas tendent la main à Pékin dans l'affaire Nexperia
Par AFP
(AFP) - Les Pays-Bas ont fait un pas important mercredi vers la Chine pour apaiser les tensions dans le différend avec Pékin sur l'exportation vers l'Europe de composants électroniques Nexperia, jugés cruciaux par l'industrie automobile.
Le ministre néerlandais de l'Economie, Vincent Karremans, a annoncé la suspension de la prise de contrôle par La Haye du fournisseur mondial chinois de composants électroniques, basé aux Pays-Bas.
Depuis plusieurs mois, Nexperia est au coeur d'un bras de fer entre la Chine et les Pays-Bas, qui a fait craindre au secteur automobile européen un arrêt de leur production.
L'entreprise, basée à Nimègue, près de la frontière allemande, a été acquise en 2018 par une société chinoise. Mais fin septembre, invoquant des raisons de sécurité nationale, le gouvernement néerlandais a pris de facto le contrôle de Nexperia.
Pékin a alors interdit les réexportations des produits de l'entreprise de la Chine vers l'Europe, faisant rapidement monter les tensions géopolitiques et les inquiétudes des constructeurs automobiles. Ces derniers utilisent massivement les puces Nexperia dans leurs systèmes électroniques embarqués.
Les tensions avec la Chine étaient déjà en voie d'apaisement depuis quelques semaines.
Samedi, la Commission européenne a salué "des progrès encourageants" dans le différend après la promesse chinoise d'une simplification des procédures d'exportation des composants Nexperia vers les clients européens et internationaux.
"Au vu des récents développements, j'estime que le moment est venu de prendre une mesure constructive en suspendant mon ordre au titre de la loi sur la disponibilité des marchandises concernant Nexperia", a déclaré mercredi le ministre néerlandais de l'Economie, Vincent Karremans, dans un communiqué.
Les Pays-Bas avaient invoqué cette loi, jamais utilisée jusqu'ici, pour prendre le contrôle de l'entreprise, craignant une mauvaise gestion susceptible de compromettre la chaîne d'approvisionnement des puces en Europe.
La Chambre des sociétés de la Cour d'appel d'Amsterdam avait dans la foulée ordonné la suspension du directeur général de Nexperia, Zhang Xuezheng, concluant à l'existence de "raisons valables de douter d'une bonne gestion".
"Réunions constructives"
La suspension de la prise de contrôle de l'entreprise ne signifie pas que celle-ci est définitivement annulée. Le ministre peut rétablir la mesure ultérieurement.
Cela lui redonnerait l'autorité nécessaire pour infléchir les décisions importantes prises par Nexperia si celles-ci mettent en péril la production de puces.
Mais La Haye a décidé mercredi de poursuivre dans la voie de la réconciliation.
Selon le ministre néerlandais, sa décision de suspendre la prise de contrôle a été prise "en étroite concertation avec nos partenaires européens et internationaux" après des "réunions constructives" ces derniers jours avec les autorités chinoises.
"Nous nous félicitons des mesures déjà prises par ces dernières pour garantir l'approvisionnement en puces électroniques de l'Europe et du reste du monde", a déclaré M. Karremans.
"Nous y voyons un signe de bonne volonté. Nous poursuivrons un dialogue constructif avec les autorités chinoises dans les prochains mois", a-t-il poursuivi.
Nexperia, qui faisait autrefois partie du géant néerlandais de l'électronique Philips, a été acquise en 2018 par la société chinoise Wingtech Technology.
Ce n'est pas la première fois que l'entreprise se trouve sous le feu des projecteurs des régulateurs occidentaux.
En 2022, le Royaume-Uni a empêché Nexperia de racheter son principal fabricant de semi-conducteurs, Newport Wafer Fab, après une "évaluation détaillée de la sécurité nationale".
En décembre, Washington a inscrit la société mère Wingtech sur une "liste d'entités" qui agissent contre la sécurité nationale des États-Unis.

