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Chronique - 09/03/2023 - #Audi

Trop Triste

Par Jean-Philippe Thery

Trop Triste
Audi TT : Celle que j’ai conduite.

Aujourd’hui, je vous explique pourquoi je suis très TT, même et surtout si je n’en n’ai jamais eu…

Il y a un an, j’ai très sérieusement songé à m’offrir une Audi TT.

Un roadster de deuxième génération (8J pour les codes addicts), millésime 2013, propulsé par le 2.0TFSI de 211 chevaux accouplés à une 6-Gang-Schaltgetriebe, autrement dit -pour qui n’a pas fréquenté le Goethe Institut- une boîte mécanique à 6 rapports. Avec sa belle robe Brilliantrot, celui-ci m’a tout de suite fait de l’œil alors que je naviguais une fois de plus tard dans la nuit au long des sites de petites annonces spécialisées.

Les photos réalisées devant la rampe d’accès au garage d’une maison cossue du sud de l’Allemagne avalisaient la trentaine de milliers de kilomètres à peine dont sa propriétaire garantissait qu’ils étaient tous estivaux. On imaginait volontiers la vie tranquille émaillée de balades toit ouvert dans les campagnes environnantes d’une auto choyée, abritant dans sa boîte à gants un manuel de bord dûment estampillé par un établissement de la marque, aux intervalles préconisés par le constructeur…

Evidemment, le prix était en rapport, mais le fichier Excel rapidement concocté pour simuler différentes solutions de financement m’annonçait des mensualités somme toute raisonnables, qui ne m’obligeraient pas à me contenter de kartoffelns pour des repas de fin de mois. Si même le tableur de service m’incitait en toute objectivité à sauter le pas, rien ne semblait donc plus devoir me retenir de passer le coup de Telefon décisif.

Ma situation d’alors exigeant pourtant un peu de patience, c’est par navigateur interposé que je me projetais au volant de ma future auto, vérifiant quotidiennement sur la page de l’annonce laissée ouverte en permanence que celle-ci m’y attendait encore. Elle résista tout le reste de l’hiver, la froidure et la grisaille n’incitant guère à l’acquisition d’une voiture découvrable. Mais un vilain jour de printemps, l’url ne répondit plus, et je su qu’elle était sortie de l’écran comme de mes projets. Moi aussi d’ailleurs, il me fallut partir, ce qui m’aida à l’oublier. La preuve : je viens de lui consacrer deux paragraphes.

Coïncidence amusante ou pas, ce roadster-là correspondait très exactement à la définition de la seule TT que je n’ai jamais conduite de ma vie. C’était en 2006 lors de son lancement, concomitant à celui de Carwash,  revue auto lifestyle auquel mon ami -et son créateur- Thomas m’invita à contribuer. Un nom qui nous paru fort à propos lors de la demi-journée consacrée, éponge et peau de chamois en main, à caresser minutieusement la carrosserie de l’exemplaire aimablement mis à disposition par Audi France, en vue d’une séance photos sur le circuit Paul Ricard. Il me fallut ensuite le remonter en région parisienne, ce que je commençais en mettant immédiatement le cap sur Marseille, sans oublier de passer par les départementales tournicotant dans l’arrière-pays varois. Il faut dire que je prenais alors très au sérieux ma débutante carrière d’essayeur automobile.

Je me souviens de la bonne santé du moteur et m’être bien amusé, mais j’avoue avoir un peu oublié le reste. Certains esprits chagrins (j’ai des noms) y pourvoiront en m’expliquant que la TT n’était pas ce qui se faisait de mieux en dynamique dans le segment, qu’elle empruntait ses dessous à la roturière Golf et qu’en dehors des versions Quattro, son moteur envoyait les Newtons-mètres aux mauvaises roues. Et pour être tout à fait honnête, je crois bien que certains essais de l’époque abondaient en ce sens, laissant à penser que le modèle n’avait pas forcément hérité des dispositions sportives de la petite NSU à laquelle elle avait chipé son nom.

Et qu’elle ait adopté au cours des années et générations successives des motorisations de plus en plus musclées, jusqu’aux 400 chevaux délivrés par le 5 cylindres de la TTRS, ne changea rien pour les propulsionnistes convaincus. Pour ceux-là la TT était et resterait une voiture de "poseur" comme on dit du mauvais côté de la manche. 

Il n’empêche que je me serais bien vu poser avec l’une d’entre elles, surtout rouge et découvrable. Et puis, ce jugement me paraît ne pas viser tout à fait la bonne cible, si j’en crois les conclusions du clinic-test que j’ai réalisé à la fin du XXe siècle pour un tout autre coupé. Les propriétaires de la catégorie nous avaient avoué au cours de l’étude s’amuser de l’image de voiture sans concession que renvoyait leur auto auprès des non-initiés, se gardant bien de leur avouer qu’en dehors d’une habitabilité restreinte par nature, elle était généralement aussi pratique et facile à vivre que la berline équivalente.

Mais s’ils aimaient à laisser penser qu’un coupé "ça se mérite", ils tenaient également à se démarquer des "Gétéistes" -catégorie aujourd’hui quasiment éteinte- dont les intégrants ne prenaient selon eux pas le même soin de leur voiture. Dans le fond, les propriétaires de coupé, à bord duquel on verra rarement trainer un papier- étaient avant tout des esthètes.

Et reconnaissons que l’esthétique, l’Audi TT en a justement à revendre.

Il y a quelque chose du concept-car dans cette voiture-là. A commencer par celui dévoilé le 12 septembre 1995 au Salon de Francfort, tout simplement dénommé "TT Showcar Coupé". Mais précisément parce qu’elle ne s’en éloignait guère, la version de série lancée trois ans plus tard semblait s’être échappée de l’estrade où elle était exposée quand elle investit la rue avec le dessin particulièrement fluide de ses brancards en ellipse, ses meurtrières en guise de vitres et ses passages de roue frappés à grand coup de gouge sur des flancs quasi verticaux. Quant au roadster lancé un an plus tard, je le trouve particulièrement réussi pour une auto amputée d’un toit constituant un élément fondamental du design original.

Et puis, allez savoir pourquoi, la TT me fait penser au Bauhaus. Peut-être parce que les essais publiés à l’époque y faisaient référence et que son dessin très architecturé évoque immanquablement les clichés associés à la célèbre école de Weimar, s’agissant d’une auto germanique. Et je me dis de façon sans doute un peu abusive que de nos jours, Walter Gropius aurait choisi sa TT en Gris Nardo, teinte se rapprochant le plus de celle du béton dans l’univers automobile, nuancier Trabant mis à part, bien sûr.

En revanche et pour avoir tenté l’exercice, pas sûr que la TT intègre parfaitement tous les préceptes du mouvement, même si elle adhère aux lignes rectilignes et géométriques prônées par ses artisans, qu’elle intègre indubitablement la technologie, et que d’aucun la considèreront volontiers comme une forme de Gesamtkunstwerk ou "œuvre d’art complète". Parce qu’il faut bien admettre qu’un coupé quel qu’il soit se situe tout de même aux antipodes de la directive essentielle selon laquelle "la forme suit la fonction".

Mais foin d’intellectualisation, parce que l’heure n’est pas aux réjouissances. Les coupés se meurent et la TT ne fait pas exception puisqu’il n’y aura pas de quatrième génération de la belle ingolstadtienne. Mais avant de jeter la pierre aux décideurs de la marque, rappelons-nous le contexte dans lequel évolue désormais l’industrie automobile avec les investissements colossaux qu’exigent l’électrification et le passage des motorisations thermiques à l’Euro 7.

On comprendra alors que l’heure n’est plus à la diversion que constituent les carrosseries dérivées. Et puis avouons que les gammes ne sont pas extensibles à l’infini, et qu’à force de les déployer entre SUV et pas SUV ou totalement contre partiellement électrifiées, on va finir par transformer les showrooms en parkings couverts.

Quoiqu’il en soit, cette nouvelle-là m’a rendu Trop Triste. Comme le jour où le beau roadster rouge a disparu de mon navigateur…

Réactions

Ou Transit Temporaire ...
C'est bien le rôle que joua cette annonce demeurée sur le micro de Jean Philippe, pendant quelques semaines... Une sorte de voyage à demeure, en somme ...
;0)

TT trop attaché à l'Audi TT. Un petit coupé électrique pourrait être lancé un jour par Audi pour succéder à ce petit coupé d'une autre époque... Le Vroum Vroum c'est du passé... La R8 devrait aussi suivre le même chemin...

Quand le Cx d'une voiture en marche arrière est le même, voire meilleur qu'en marche avant, je dis faute. C'est surement le cas de la TT.
Tiens, que signifiait les initiales TT de la Prinz ? Certains avancent Tourist Trophy ; vrai ou faux ?

Voir l'histoire de NSU sur : http://leroux.andre.free.fr/jmpnsu.htm

Normalement quand on est en TT, plus besoin de voiture ?
;0))

Autre signification de TT que l'on retrouvait dans les petites annonces de vente des Range Rover qui cautionnait le très bon état de l'engin : jamais TT !

Jean-Michel Prillieux, Le 09/03/2023 à 10:08

çà n'a pas grande importance mais je n'y résiste pas !

Quoique vous en pensiez cher Jean Michel un cabriolet "Audi TT Millésime 2013, propulsé par le 2.0TFSI de 211 chevaux" n'est pas véritablement fait pour faire Vroom Vroom même si il se trouvera toujours quelques Kékés plus ou moins avancés en age pour contredire "l'axiome ... Il en va de même pour le Z4 (en tous cas en version 2.0) de la "maison d'en face' ....
En revanche, Il n'en va pas de même d'une version TTS et a fortiori TTRS (pareil pour la Z4M) mais çà n'est plus le même budget aussi ... Ah les délices du "pop and bang" ....!
Quant à la R8, si j'ose dire Audi a déjà commencé à plier les "gaules" !

Nan le cabriolet un moment convoité par Jean Philippe, fût ce dans une livrée écarlate, est avant tout fait pour "cruiser" en bord de mer ... Le bras à la portière (ou pas) comme aimait à l'écrire, il n'y a pas si longtemps un habitué du site (il se reconnaîtra)

"Le Vroum Vroum c'est du passé... " celui qui sous tend une mécanique un peu affuté car sinon comment expliquer le succès des Tesla S (plaid mais pas seulement) et des version 3 Performance ?
Que des militants écologistes à leur volant (détachable) "retiré des voitures", alors ?
Vous savez bien que tel n'est pas le cas et çà n'est pas pour rien que beaucoup des constructeurs, au delà du côté électrique, mettent en avant l'excellence du comportement routier de leurs chignoles ... Jusqu'à la MG4 dont le châssis ne déçoit pas le premier GTIiste attardé ....

Donc à ce jour et pour quelques temps encore, le Vroum Vroum est encore "de saison" ...
Qui vous dit d'ailleurs que les Tesla Man ou Men d'aujourd'hui ne singent pas les pratiques des Saabistes d'antan dans la descente sur Beaune (attention aux radars quand même et aux cuistres qui déboitent sans prévenir ...)

Saabistes dont vous faisiez partie si je me rappelle bien...

... Désolé Jean Michel, s'agissant de Saabistes, vous "confusionnez" avec d'autres valeureux contributeurs.
... Une sorte d'osmose ou un amalgame peut être (?) ...en tous cas rien de bien méchant !
;0)

Je parlais à Bruno Haas.....

Cher monsieur Prillieux, comme c'est Adeairix qui parlait de Saabistes et non moi, votre réponse semblait d'évidence adressée à notre Gaulois préféré comme le dit si bien notre Breton préféré.
Mais puisque vous vous adressiez à moi, je confirme avoir été un Saabiste "forcené, fanatique, adorateur, enthousiaste, idolâtre, maniaque" puis inconsolable.
General Motors a tuER Saab et m'a tuER par la même occasion.

Mais non, mais non, vous êtes encore parmi nous, parmi les vivants ! Et vous pouvez rouler encore en vieille Saab, personne ne vous dira rien ! Saab tué par GM , c'est sûr, mais les Chinois qui devaient reprendre Saab l'ont tué une deuxième fois...

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