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02/06/2025

Devant les sénateurs, ArcelorMittal blâme la "désindustrialisation française"

Par AFP

(AFP) - "Le marché a été divisé par deux" : le président d'ArcelorMittal France a pris les sénateurs à témoin mercredi pour expliquer la crise existentielle des producteurs d'acier en Europe, le sidérurgiste se disant victime de la "désindustrialisation française".

Pour la troisième fois depuis janvier, le patron de la branche française du deuxième sidérurgiste mondial est venu s'expliquer devant les parlementaires.
Ces derniers s'inquiètent de l'annonce de la suppression de plus de 600 emplois en France, après la décision du groupe en novembre de ne pas réaliser l'investissement massif qu'il avait prévu à Dunkerque - le plus grand haut fourneau d'Europe - pour verdir la fabrication de l'acier, métal fondamental pour nombre de secteurs industriels.
En février 2022, le Premier ministre d'alors Jean Castex était venu annoncer avec fanfares et trompettes à Dunkerque que l'Etat acceptait d'accompagner financièrement le verdissement de la sidérurgie française, ce qui garantissait au passage son avenir et celui de toute l'industrie de la région. Comment cet objectif de décarbonation s'est-il transformé en plan social ?
M. Le Grix de la Salle a expliqué l'enchevêtrement des crises qui prennent en étau la production d'acier en Europe : la baisse de la consommation sur le Vieux Continent et particulièrement en France, la surproduction mondiale qui a fait chuter les prix de 25% en Europe l'an passé, la concurrence déloyale venue de l'acier chinois subventionné, les prix de l'énergie trop élevés en
Europe, sans même parler des nouvelles taxes douanières américaines.
"Il n'y a plus de marché en France" a lancé M. Le Grix de la Salle : la demande dans le pays est actuellement "de moins de 4 millions de tonnes", alors qu'elle était "de 9 millions de tonnes il y a une dizaine d'années", a-t-il affirmé.
  
  "La désindustrialisation est un fait"


De fait les deux plus gros acheteurs d'acier en France, l'industrie automobile et celle du bâtiment, sont en plein marasme.
"La désindustrialisation en France est un fait", a lancé le dirigeant. "L'Italie représentait deux fois le marché français" contre "quatre fois" aujourd'hui, a-t-il ajouté.
Devant l'ampleur des mobilisations sociales en cours et l'inquiétude des élus de tous bords, il a néanmoins renouvelé l'engagement du groupe à confirmer la création d'un four électrique à Dunkerque "à la fin de l'été", tout en disant qu'il n'avait pas aujourd'hui la "capacité financière" de remplacer ses 11 hauts fourneaux en Europe d'un coup.
Les questions des élus se sont faites plus incisives pour tenter de comprendre si ArcelorMittal était sincère dans sa volonté de rester en Europe ou s'il prévoyait, comme le craignent les syndicats, d'investir plutôt dans des pays à bas coûts comme le Brésil ou l'Inde, sans avoir à se soucier de problèmes de décarbonation.
Le sénateur EELV Yannick Jadot a notamment estimé que la France et l'Europe avait "perdu dix ans sur une vraie stratégie européenne de la sidérurgie" décarbonée et accusé ArcelorMittal d'avoir profité pendant des années de "quotas gratuits" de CO2, avant de se convertir tardivement au principe d'un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) efficace.
"Vous ne pouvez pas à la fois demander des quotas gratuits et un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières efficace" a dit M. Jadot, c'est "incompatible avec les règles de l'OMC".
ArcelorMittal n'a pas fait "pas de profit sur les quotas gratuits", a répondu M. Le Grix de la Salle. En revanche, "plus les années passent, et plus le coût du carbone et le montant de CO2 à payer augmentent", a-t-il affirmé.
La décarbonation du groupe en Europe, qui nécessite des investissements massifs pour pouvoir produire de l'acier sans émettre de CO2 en remplaçant les fours à charbon par des fours  notamment, va continuer, mais "étape par étape", a-t-il aussi dit. Elle est toutefois conditionnée au maintien de la "compétitivité" de l'acier européen sur le marché mondial.

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