16/10/2025
Moins de victimes graves de la route à Paris, sauf chez les piétons
Par AFP

(AFP) - Le nombre de victimes graves de la circulation a baissé à Paris en 2024 chez la plupart des catégories d'usagers, à l'exception des piétons qui restent, avec les deux-roues motorisés et les cyclistes, les plus vulnérables, selon un bilan annuel publié mercredi par la ville.
Au total, 433 tués et blessés hospitalisés ont été enregistrés dans Paris intra-muros en 2024, soit 27 de moins qu'en 2023, des victimes essentiellement dues aux véhicules motorisés, indique le rapport sur la sécurité des déplacements fondé sur les chiffres de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR).
Sur la même période, l'Ile-de-France affiche également, mais dans de moindres proportions, une baisse du nombre de tués (263 morts, cinq de moins).
La France métropolitaine connaît elle aussi une baisse du nombre d'accidents mais avec un nombre légèrement supérieur de décès en milieu urbain (10.030, neuf de plus).
La tendance à la baisse dans la capitale est "liée à la réduction du trafic de voitures", qui a baissé de 40% en dix ans, a réagi auprès de l'AFP David Belliard, adjoint à la maire PS sortante Anne Hidalgo chargé des Transports.
Toutes les catégories d'usagers sont concernées sauf les piétons, qui représentent 23% des victimes de la circulation (contre 19% en 2023) : 148 ont été tués ou grièvement blessés, soit 22 de plus sur an avec quatre morts en moins.
Les plus vulnérables restent les deux-roues motorisés (31% des victimes), avec 159 victimes graves, soit 33 de moins que l'an passé.
Les cyclistes représentent 22% des accidentés, précise le bilan. Si le nombre global de victimes à vélo baisse de plus de 7%, les tués et grièvement blessés augmentent (69 en tout, soit huit de plus que l'année dernière, avec un mort de moins).
David Belliard, également candidat écologiste à la mairie de Paris, souligne que le nombre d'accidents chez les piétons et les cyclistes "est resté globalement stable quand bien même la pratique de ces mobilités douces a explosé". Un signe à ses yeux que la sécurisation des espaces piétons, comme les 300 rues aux enfants, et l'aménagement de pistes cyclables (plus de 1.500 km linéaires déployés), ont porté leurs fruits.
"Climat d'agressivité"
Mais pour l'élue d'opposition LR Nelly Garnier, "la municipalité a considéré qu'il y avait les voitures d'un côté et les mobilités douces de l'autre, sans bien séparer les différents usages".
"100% des Parisiens sont des marcheurs à un moment de leur journée et pourtant c'est le mode de déplacement qui a été le moins pensé", estime cette conseillère du groupe de Rachida Dati. Résultat: "une petite accidentologie quotidienne anxiogène qui décourage les plus fragiles de sortir de chez eux", regrette l'élue du 11e arrondissement.
A ces critiques, le premier adjoint à l'Hôtel de ville Patrick Bloche répond que la mairie a "élargi plus de 3 hectares de trottoirs, supprimé des centaines de places de stationnement et délivré presque 5.000 contraventions pour circulation sur trottoir".
La ville s'est par ailleurs engagée à réaménager d'ici la fin 2025 "au moins 60 carrefours" sur les 200 les plus dangereux pointés par Paris en selle, qui appelle les candidats à la mairie de Paris à s'engager en faveur "d'une vision zéro mort, zéro blessé grave".
Après la mort de Paul Varry, l'association où il militait a demandé à la mairie et à la préfecture de police un "plan d'action contre les violences motorisés", dont 9 cyclistes sur 10 disent être victimes à Paris (deuxième ville la plus touchée derrière Marseille), selon la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB).
"Ce résultat dénote un fort climat d'agressivité qui peut aller jusqu'à la violence physique", analyse Marion Soulet, porte-parole de Paris en selle.
La Sécurité routière a de son côté lancé un mouvement de lutte contre l'agressivité sur la route - une première - avec un manifeste incitant les usagers à arborer un sticker "Priorité au respect".