16/10/2025
Un rapport du Sénat préconise le report de l'interdiction des voitures thermiques
Par AFP

(AFP) - En proie à "une crise profonde et durable", l'industrie automobile française "peut disparaître", ont averti mercredi les sénateurs auteurs d'un rapport qui préconise notamment le report de l'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves dans l'Union européenne à partir de 2035.
La décarbonation du secteur automobile est considérée comme une étape clé pour que l'UE remplisse ses objectifs de réduction d'émissions de CO2, mais l'interdiction programmée des moteurs thermiques dans l'UE fait débat.
"On va vers un crash si rien n'est fait", a estimé Alain Cadec (LR), redoutant un avenir semblable à celui de la sidérurgie pour cette industrie qui emploie 800.000 personnes en France (350.000 chez les constructeurs et 450.000 chez les équipementiers et les sous-traitants).
Chute de 20% des ventes de véhicules particuliers en France après la crise sanitaire (par rapport aux cinq années précédentes), baisse de 12 points de la part de la France dans la production automobile européenne entre 2000 et 2020, le rapport dresse un constat sombre de la filière en France.
Un secteur qui est pourtant "la colonne vertébrale de l'industrie en France", a déclaré Dominique Estrosi Sassone (LR), présidente de la commission des affaires économiques du Sénat, lors d'une conférence de presse.
Deux raisons majeures, selon Annick Jacquemet (Union centriste) : "la contraction sans précédent du marché" et "la concurrence par des acteurs extra-européens", au premier rang desquels la Chine.
Le rapport comprend 18 "mesures d'urgence", dont l'imposition d'un contenu local à 80% pour les véhicules vendus en Europe, avec un objectif d'au moins 40% de batteries produites localement en 2035.
Y figure également le report de l'interdiction de la vente de voiture thermiques neuves dans l'UE à partir de 2035, souhaité également par le chancelier allemand Friedrich Merz, qui a dit la semaine dernière qu'il "ferait tout" pour.
Cette date butoir "fragilise les constructeurs européens pris en étau" entre la contraction du marché et "les investissements colossaux" à mener pour basculer sur l'électrique, selon le rapport.
Rémi Cardon (PS) a rappelé "l'intérêt de rouler en véhicule électrique sur le long terme", mais "la difficulté est le coût d'entrée", les voitures électriques étant plus chères à l'achat que les thermiques.
Le rapport recommande ainsi de "flécher les soutiens publics pour favoriser la production de petits véhicules abordables"
A titre individuel, Rémi Cardon propose également un renforcement de l'aide à l'achat de voitures électriques pour les ménages de la classe moyenne et une étendue de ce dispositif à l'échelle européenne.
