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Constructeurs - 25/03/2022 - #Volkswagen

Chez Volkswagen, la tâche herculéenne de "dupliquer" les usines ukrainiennes

Par AFP

(AFP) - Assurer l'approvisionnement, coûte que coûte : privés de pièces essentielles fabriquées en Ukraine, Volkswagen et ses fournisseurs n'ont d'autre choix que de dédoubler la fabrication de ces composants dans d'autres usines, au prix d'un effort inédit.

Le deuxième constructeur automobile mondial reconnaît faire face à un dilemme : ne pas laisser tomber les sous-traitants ukrainiens tout en étant sûr de disposer des approvisionnements suffisants.

"Nous gardons nos fournisseurs en Ukraine" mais "nous créons actuellement des capacités hors d'Ukraine car personne ne sait si la guerre s'étendra à l'ouest ou combien de temps elle durera", explique le directeur des achats de Volkswagen Murat Aksel.

L'Ukraine est le principal fournisseur européen des faisceaux de câblage, ces pièces décrites comme le "système nerveux" des voitures et produites généralement sur mesure pour chaque modèle.

L'invasion russe a donc immédiatement entraîné, chez tous les constructeurs du continent, des arrêts de production que les groupes cherchent comment résorber.

Dans le fief allemand de Volkswagen, à Wolfsburg, une cellule dédiée a été mise en place réunissant, choses rare, une centaine de professionnels du groupe et une cinquantaine de représentants des équipementiers installés en Ukraine.

Leur mission : remplacer une pièce par une autre, trouver des fournisseurs alternatifs ou, la plupart du temps, organiser l'opération monstre consistant à "dupliquer" l'usine.

Concrètement, il s'agit d'équiper ailleurs, dans une usine en Europe de l'Est ou au Maghreb la plupart du temps, un site miroir capable de reprendre la production ukrainienne.

Bunkers réaménagés

Carte à l'appui, Murat Aksel détaille la situation dans les seize sites d'Ukraine qui approvisionnent le groupe en câbles : tous tournent au ralenti, entre 30% et 40% de la normale mais la situation est "volatile". Une usine, à quelque 150 kilomètres de Kiev, a déjà été dupliquée en Roumanie.

 "Si nous mettons en place toutes les mesures prévues, nous allons dupliquer la capacité de production ukrainienne" de faisceaux de câbles, prévoit Geng Wu, co-responsable de la "task force".

En tout, il s'agit de former au cours des prochains mois 55.000 employés et d'équiper d'usines en machines et outils, dont certains ont des dizaines de semaines de délai de livraison.

L'entreprise allemande Leoni, le plus grand fournisseur de Volkswagen en Ukraine, a déjà fait fabriquer cette semaine de premiers câblages pour VW en Tunisie et une production supplémentaire démarrera dans quelques jours en Roumanie, explique Ingo Spengler, directeur opérationnel du groupe.

Comme le constructeur, Leoni ne compte pourtant pas tourner le dos au pays attaqué. "Nous avons redémarré notre production le 2 mars avec des mesures de sécurité supplémentaires", explique M. Spengler.

L'entreprise, dont 70% de la production ukrainienne est livrée à Volkswagen, a notamment réaménagé d'anciens bunkers soviétiques à proximité de ses deux usines dans la région de Lviv.

Avec la reprise depuis lundi soir du travail de nuit, Leoni compte atteindre 70% de la production normale, et la fabrication de voitures à Wolfsburg a pu reprendre plus rapidement que prévu.

"Tant que la situation sécuritaire le permet, nos fournisseurs produisent", assure M. Aksel, qui s'est rendu en Ukraine avec M. Spengler il y a deux semaines.

Sans l'approvisionnement d'Ukraine, la situation dans les usines européennes de Volkswagen serait actuellement "dramatique", affirme M. Wu.

Leçons pour l'avenir

Le grand risque désormais : avoir créé des capacités supplémentaires inutiles si la situation se calme.

"Ce n'est pas idéal" du point de vue des coûts mais "la sécurité de l'approvisionnement est prioritaire", affirme M. Aksel. "Ne pas produire de voitures du tout coûte le plus cher."

Cette "duplication" peut-elle alors être une réponse à tous les maux logistiques ? Loin de là, juge M. Aksel. Pour certains semi-conducteurs peu chers, dont le manque freine depuis près de deux ans l'industrie automobile mondiale, avoir deux fournisseurs peut être sensé. Mais "vous ne pouvez pas dupliquer toute la voiture", tempère le directeur.

Volkswagen veut néanmoins utiliser cette expérience pour "mieux comprendre" les chaînes d'approvisionnement et prévenir les risques de rupture, détaille-t-il.

"Ce n'était pas notre manière de faire pas le passé" mais "les contacts avec les fournisseurs directs ne suffisent plus", note M. Aksel qui illustre cette vigilance croissante avec une image champêtre : "Il faut pouvoir entendre l'herbe pousser."

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