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Equipementiers - 11/03/2021 - #Renault

Les ouvriers de la SAM (Société Aveyronnaise de Métallurgie) occupent leur usine

Par AFP

(AFP) - "Le combat n'est pas fini. On va sauver l'emploi, on est dans un bassin minier, on se connait tous, on va rester uni" : Thierry Marty, technicien qualité à la Société Aveyronnaise de Métallurgie (SAM) de Viviez , participe à l'occupation de son usine.

Depuis mardi après-midi, les 357 salariés de cette fonderie automobile qui travaille "à 80% pour Renault", se sont mis en grève et se relayent jour et nuit pour bloquer ce site industriel en périphérie de Decazeville.

Les repreneurs de l'entreprise appartenant depuis 2017 au groupe chinois Jinjiang, avaient jusqu'à lundi pour se faire connaître. Seul le groupe espagnol CIE Automotive a déposé une offre dans laquelle il prévoit la suppression de 214 emplois. "Une pure catastrophe, un électrochoc", lance le technicien.

  "Le monde d'après, c'est ici"

A l'entrée des bâtiments dont le gris tranche avec la verdure des collines environnantes, les ouvriers ont installé d'immenses braseros et une pancarte sur laquelle la stupéfaction a fait place à l'ironie : "Le monde d'après c'est ici".

"C'est une entreprise qui fait vivre toute une région", affirme David Gistau le secrétaire départemental CGT de l'Aveyron, égrainant la litanie des fermetures industrielles de ces 40 dernières années dans le bassin de Decazeville.

"D'abord les mines de fond, puis les mines à ciel ouvert et ensuite la sidérurgie", rappelle le syndicaliste. "Ici il n'y a pas d'alternative, les emplois perdus ne pourront pas être remplacés".

"Si Renault, qui a décidé de se fournir en partie ailleurs, passait 20 millions de commandes en plus, notre site pourrait conserver tous les emplois", s'indigne David Gistau, estimant qu'une solution est à portée de main.

"Renault nous est redevable", ajoute Thierry Marty, rappelant que le constructeur français vient de recevoir, pour traverser la crise due à la pandémie, un prêt bancaire de cinq milliards d'euros garanti par l'Etat.

Entre les machines, les ouvriers aveyronnais préparent des banderoles pour manifester jeudi matin à Rodez avec leurs collègues de l'usine Bosch d'Onet-le-Château, qui ont appris en fin de semaine dernière que 750 emplois seraient supprimés chez eux aussi.

Au même moment, à la salle des fêtes de la capitale aveyronnaise se tiendra une table ronde réunissant, les représentants du personnel de la Sam, des élus locaux, un émissaire de Renault, la préfète de l'Aveyron ainsi que l'administrateur judiciaire.

"Mise à mort"

Une réunion qui intervient "un peu tard", remarque Sébastien Lallier, l'un des représentants du personnel.

"On vient de faire un point avec notre avocat et notre comptable sur l'offre de reprise espagnole", dit ce grand gaillard barbu dans un large sourire.

"La reprise de 150 personnes sur 357 ça signifie la mise à mort de notre usine, qui ne sera pas en capacité d'assurer la production. Il y a une vraie question sur la viabilité de ce projet", explique encore ce représentant CGT.

"Aujourd'hui, tout le monde parle de relocaliser. Nous on dit chiche ! Nous avons déjà des productions d'avenir puisqu'on fabrique des pièces pour des véhicules électriques ou hybrides", ajoute Sébastien Lallier.

Pour le maire de Decazeville, François Marty, l'offre du groupe espagnol est "inacceptable". L'élu promets de se "battre" car la perte ce dernier bastion industriel pourrait signer la mort de l'activité sur son territoire.

"L'agglomération est passée de 40.000 habitants dans les années 1980 à 19.500 aujourd'hui, Decazeville de 12.000 à 5.000. Un emploi industriel fait vivre quatre personnes, les pertes ne se rattrapent pas", dit le maire, confessant ressentir beaucoup de "tristesse".

Réactions

Ce que je vais écrire sera sans doute mal pris par certains, mais la responsabilité "de la mise à mort" de la SAM n'est pas du fait de Renault, mais de la SAM elle même qui n'a pas su se divertir et/ou s'adapter pour aller chercher de nouveaux clients et est de fait restée tributaire de Renault qui représente 80% de l'activité du site.
Courage à eux...

Comme je l'ai déjà expliqué récemment, la région Nord Aveyronnaise est touchée de plein fouet par la crise dans le secteur automobile et comme ici par la mutation technologique du secteur automobile.
L'enclavement géographique ne favorise pas les reconversions d'activité pour les habitants de cette région.
;-(

La crise dans le secteur automobile ET aéronautique...

Va bientôt y avoir beaucoup de boulot de recyclage de batteries à la SNAM à Vivier dans les années qui viennent.
;0)

J'attend l'imitation de Lemaire par Bruno..
;0)

@ Frédéric C
N'etait ce pas plutôt diversifier que "divertir" ?

Vous avez sans doute raison ...Cependant le cas de cette fonderie n'est, hélas, pas unique ces temps ci et quasiment à chaque fois on retrouve un contexte semblable, une culture "mono client" ou quasiment ce qui au passage pose un problème de qualification de "sous traitant" au final ...A cet égard, je me souviens quand même des critères de référencement chez les S.A. des constructeurs !!! A 80% de C.A. çà pose problème (?) ..Chacun appréciera avec sa grille de lecture !

Quant à "diversifier" oui ...mais dans un contexte de marché encore très déprimé c'est loin d'être "simple". Par exemple, du côté de l'aero c'est un peu cuit (?)
Manifestement les dirigeants n'ont pas su (?) ou voulu mobiliser des talents commerciaux pour élargir le scope des la clientèle....Etait ce une fois de plus si simple d'ailleirs avec fort probablement des commandes cadre du losange qui devaient mobiliser essentiellement la capacité de production de la fonderie (qui de l'oeuf ou de la poule) ...Après derrière tout çà il y a des problèmes de ressources financières... Par exemple, à supposer que le business plan ad hoc ait existé , une entité comme la BPI est elle prête à "aider" une fonderie orientée secteur auto ...
"Chuis" pas sûr (?).
Au fait... Que dit le "grand homme" à la tête de la PFA concernant ce dossier avec son passé de DRH et de spécialiste du MKG ...Très discret sur ce dossier, celui de Bosch "Rodez" et les autres, on dirait ? ... Juste de gentils fossoyeurs à centaines de Keuros annuels, rien de plus (ou pas beaucoup)
chacun ses têtes, Bruno...
;0)
PS : tous ces cas sont des drames économiques, localement, et de plus en plus nationalement d'une manière ou d'une autre ..!

@Ade Airix
Merci pour la correction. ;)

Pour le cas de la SAM et de Renault, sans doute qu'à une époque plus ou moins lointaine Renault ne représentait que 50% de la production de la SAM et qu'au fil des ans, les autres clients se désengageant, la part de Renault n'a fait qu'augmenter pour finir à 80% aujourd'hui.
Et si demain Renault ne passe plus de commandes ont dira (à tort) que c'est Renault qui "a tué" la SAM...
En attendant, cela va encore générer des drames humains en mettant sur le carreau des dizaines de salariés.

Il y a peut-être eu trop de Sam'suffit au service commercial ?
;0)

Je vous somme de maintenir l'emploâ.
Un autre grand comique avait déclaré, rouge de colère : je vous demande d'arrêter (je ne sais même plus qui devait arrêter quoi).

Je rebondis -bong bong- sur les propos de Frédéric qui nous dit "qu'au fil des ans, les autres clients se désengageant" [...]
La CGT ne s'est-elle pas demandé vers qui et pourquoi les autres clients se sont barrés ?

Faut se plaindre à qui de droâ !
;0)

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