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Ressources Humaines - 30/05/2023 - #Mercedes-Benz , #Peugeot , #Stellantis

Recruter, l'autre défi de la Vallée de la batterie

Par AFP

Après 20 ans à construire des moteurs Peugeot, Sylvain Desquiens, 45 ans, apprend à découper des feuilles d'aluminium au laser pour fabriquer des batteries de voitures : une reconversion vers un secteur selon lui "plein d'avenir", qui va permettre de créer des milliers d'emplois.

"On est un peu des pionniers", s'amuse, Sylvain Desquiens, 45 ans, ce conducteur d'installation, qui fait partie des premières recrues d'ACC, fabricant français de batteries, dont l'usine inaugurée le 30 mai dans le Pas-de-Calais sera la première à produire des batteries en France.

Son collègue Grégory Lecocq, 48 ans, ancien conducteur de rotative qui sera chargé de presser des feuilles d'aluminium enduites d'une pâte de métaux rares, abonde : "C'est quand même plus l'avenir que le papier et l'imprimerie".

Attirer, former et recruter : dans la course pour produire en Europe des batteries de voitures électriques, l'un des défis des futures usines à s'implanter en France consiste à recruter rapidement des milliers de salariés.

"Avoir les usines, c'est bien. Avoir le personnel, c'est mieux", a lancé récemment Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, où prend forme cette Vallée de la batterie.

Grosse ferraille
Les quatre futures gigafactories du pays, le français ACC (coentreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz), le sino-japonais Envision, la start-up grenobloise Verkor, et le taïwanais ProLogium, sont implantées entre Dunkerque et le bassin minier, dans une zone déjà riche en infrastructures automobiles.

Plus de 20.000 emplois d'ici 2030 devraient être créés grâce à ces usines, selon la Plateforme automobile (PFA), organisme professionnel de la filière automobile en France.

Les réunions d'information, séances de jobs dating et formations sur site vont déjà bon train : ACC lance sa production en juillet, les autres suivront à partir de 2024.

Un plateau technique mobile a été installé début mai à l'usine Stellantis de Douvrin (Pas-de-Calais) pour initier les salariés au travail en salle blanche et faciliter leur transfert vers les constructeurs de batteries d'ici la fermeture prochaine du site automobile.

Sylvain Desquiens, lui, a quitté Stellantis Douvrin dès novembre 2021 pour rejoindre la "gigafactory" d'ACC, à Billy-Berclau, à quelques centaines de mètres.

Malgré cette proximité, un monde sépare son ancienne usine de moteurs thermiques, interdits dans l'UE à partir de 2035, et les salles immaculées d'ACC, avec des ouvriers en tenue de laboratoire.

"Ici, on est propres quasiment tout le temps, et les pièces sont légères, c'est un gros changement. En face, c'était de la grosse ferraille avec énormément d'huile", explique M. Desquiens.

Lors des débuts sur le site pilote d'ACC en Charente, il a fallu tâtonner pour prendre en main les machines chinoises ou coréennes et concevoir les formations techniques.

Véritable hypocrisie
"On a appris petit à petit, en posant des questions", explique-t-il, reconnaissant que pour certains collègues, la perspective de repartir à zéro dans un monde aussi différent puisse "faire peur".

Car il ne suffira pas de faire traverser la rue aux ouvriers de l'industrie automobile pour trouver la main d'oeuvre.

"On va mettre le paquet sur les compétences et la formation, c'est la mère des batailles", a asséné Emmanuel Macron mi-mai lors d'une visite à Dunkerque

Face à l'ampleur de la tâche, les constructeurs concurrents se sont alliés au sein d'un programme de formation, Electromob, soutenu par des fonds publics et doté de 25 millions d'euros.

Le rectorat va adapter les diplômes existants dans la chimie et la maintenance industrielle et augmenter le nombre de places dans l'enseignement technique. Et Pôle Emploi repérer les chômeurs susceptibles d'être formés.

Mais malgré les annonces pharaoniques, les créations d'emplois risquent de ne pas compenser les dizaines de milliers de postes perdus en France lors du passage accéléré au tout-électrique, reconnaissent syndicats et dirigeants.

La CGT condamne une "comédie sur la réindustrialisation, véritable hypocrisie" car "elle se fait en sacrifiant 50.000 emplois sur l'ensemble des sites automobiles".

Côté patronal, PFA estime que 52.000 emplois sont à risque, pour 23.000 à 35.000 emplois créés d'ici 2030.

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