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07/11/2025

Nissan, après une forte perte trimestrielle, prévoit un second semestre plombé par les droits de douane

Par AFP

Nissan, après une forte perte trimestrielle, prévoit un second semestre plombé par les droits de douane

(AFP) - Nissan, qui poursuit son douloureux plan de redressement, a annoncé jeudi avoir enregistré une importante perte nette au deuxième trimestre de son exercice décalé, avant un second semestre s'annonçant plombé par les taxes douanières américaines.

Le constructeur automobile japonais en restructuration a fait état pour le trimestre juillet-septembre d'une perte nette de 106 milliards de yens (600 millions d'euros), moins marquée que ce qu'attendaient les analystes.

L'entreprise, dont le français Renault détient 35%, a aussi dévoilé pour cette période un bénéfice d'exploitation de 52 milliards de yens, et un recul de 3,8% de son chiffre d'affaires, à 2.872 milliards de yens (16,21 milliards d'euros), conforme aux attentes du marché.

Mais le tableau va s'assombrir davantage dans les mois qui viennent: Nissan évoque des "vents contraires significatifs" dus aux effets de changes -le yen restant très affaibli face au dollar - mais surtout aux taxes douanières américaines.

Les exportations automobiles japonaises vers les Etats-Unis se sont vu imposer entre avril et septembre par Washington des surtaxes de 25%. Des droits de douane plafonnés à 15% sur l'automobile sont entrés en vigueur mi-septembre, mais restent excessifs aux yeux des constructeurs nippons.

Nissan a vu ses ventes aux Etats-Unis, en nombre d'unités, reculer de 0,9% sur un an en avril-septembre. Dans ce contexte, les constructeurs nippons ne maintiennent leurs ventes sur le marché américain qu'en sabrant les prix.

Sur avril-septembre, les ventes de Nissan en termes de véhicules écoulés sont aussi en forte baisse au Japon (-16,5%) et en Europe (-7,9%), tout comme en Chine (-17,6%), son marché-phare où il affronte la concurrence acérée des constructeurs locaux, notamment sur l'électrique.

Poids des droits de douane

Nissan a confirmé jeudi qu'il anticipait une perte d'exploitation colossale de 275 milliards de yens (1,5 milliard d'euros) sur l'ensemble de son exercice, qui s'achèvera fin mars 2026. Un chiffre dévoilé la semaine dernière qui avait fait dévisser le titre en Bourse.

Sur la première moitié de l'exercice (avril-septembre), la perte opérationnelle enregistrée ne s'élève qu'à 27 milliards de yens, ce qui laisse augurer d'un second semestre extrêmement douloureux.

En fait, l'impact des droits de douane américains représentera à lui seul sur l'année un coût de 275 milliards de yens, équivalent à la perte d'exploitation attendue, estime Nissan.

Sur l'exercice 2025/26, le groupe attend par ailleurs un chiffre d'affaires de 11.700 milliards de yens (66 milliards d'euros), en recul de 7,4% sur un an.

Les tensions commerciales interviennent alors que Nissan, engagé dans une douloureuse restructuration,, était déjà très fragilisé. Après une tentative avortée de mariage avec son compatriote Honda, il a dévoilé une perte nette annuelle colossale équivalant à 4,1 milliards d'euros sur son exercice décalé 2024-2025.

Et ce, notamment en raison des coûts liés au plan de redressement engagé par l'entreprise.

Non rentable et miné par l'essoufflement des ventes, Nissan entend réduire le nombre de ses usines de production de véhicules de 17 à 10 d'ici la fin de l'exercice 2027, et vise 20.000 suppressions de postes dans le monde à la même date.

Voie du redressement

"Nos résultats du premier semestre témoignent des défis auxquels nous sommes confrontés, mais ils confirment que Nissan est fermement engagée sur la voie du redressement", a néanmoins assuré le patron du constructeur, Ivan Espinosa.

"Nous anticipons un second semestre plus solide, porté par (le plan de restructuration), la croissance des produits (...) nous restons en bonne voie pour atteindre le seuil de rentabilité opérationnelle hors impact des droits de douane", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse.

Alors que les constructeurs nippons sont aussi poussés par l'administration Trump à exporter vers le Japon des véhicules fabriqués dans leurs usines américaines, Nissan ne ferme pas la porte mais se dit circonspect.

"Il nous faut donc d'abord comprendre les besoins (des acheteurs nippons) et il est essentiel d'évaluer la faisabilité économique. Les voitures, compte tenu du taux de change et d'autres facteurs, doivent être rentables. S'il y a un marché, pourquoi pas ?", avait commenté M. Espinosa la semaine dernière en marge du salon automobile de Tokyo.

Dans l'immédiat, Nissan entend s'appuyer sur ses deux usines d'assemblage de voitures aux Etats-Unis pour gonfler sa production locale et diversifier son offre, notamment sur les SUV, ses produits vedettes sur ce marché.

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Dans trois ans DT ne sera plus là,les taxes survivront telles à son départ ?

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