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05/12/2025

Terres rares : l'Europe accélère pour tenter de réduire sa dépendance à la Chine

Par AFP

(AFP) - L'Union européenne va aider à financer et à accélérer le développement des projets de production de terres rares et autres matières premières critiques pour réduire sa dépendance à la Chine, dont la mainmise sur ces matériaux essentiels à l'économie génère de fortes tensions.

"Aujourd'hui, l'Europe apporte sa réponse à la nouvelle situation géopolitique mondiale", et elle "acte son indépendance sur les matières premières critiques", a souligné le vice-président de la Commission Stéphane Séjourné, en présentant mercredi ces mesures à la presse.

La Commission européenne va notamment débloquer près de 3 milliards d'euros pour financer des projets stratégiques dans l'extraction, le raffinage et le recyclage de ces minerais et métaux indispensables à de nombreux secteurs, sur le Vieux Continent et dans des pays partenaires.

Elle mobilisera pour ce faire des fonds issus de programmes européens et de la Banque européenne d'investissement.

Elle va en outre créer début 2026 un Centre européen des matières premières critiques.

"Il aura trois principales missions : monitorer et évaluer les besoins, acheter en commun pour le compte des États membres et stocker et livrer en fonction des besoins des entreprises", a expliqué M. Séjourné.

Autre action concrète, Bruxelles veut restreindre en début d'année prochaine les exportations des rebuts et déchets d'aimants permanents (qui sont fabriqués à partir de terres rares et servent à de nombreux usages industriels), pour favoriser leur recyclage en Europe. L'UE prévoit aussi des restrictions plus ciblées aux exportations de déchets d'aluminium et pourrait faire de même pour le cuivre.

Les terres rares sont des éléments métalliques devenus essentiels pour des pans entiers de l'économie, en particulier l'industrie automobile, les énergies renouvelables, le numérique ou la défense.

Ils servent à la fabrication d'aimants puissants, de catalyseurs ou de composants électroniques.

La Chine, qui concentre la majorité des réserves mondiales de terres rares, domine non seulement l'extraction des minerais, mais a développé en plus un quasi-monopole sur le raffinage.

Elle exerce une mainmise similaire sur certains métaux stratégiques, comme le gallium utilisé dans les semi-conducteurs.

L'Europe s'était dotée il y a deux ans d'une loi qui visait à sécuriser ses approvisionnements en matières premières "critiques".

L'UE se retrouve en effet prise en étau entre la Chine, qui a multiplié cette année les mesures de restriction à ses exportations de terres rares, et les États-Unis de Donald Trump, qui négocient des accords bilatéraux tous azimuts pour sécuriser leurs propres approvisionnements.

"Une arme économique"

Le Commissaire européen chargé du Commerce Maros Sefcovic a également  présenté une mise à jour de la doctrine de l'UE en matière de "sécurité  économique", avec là aussi des mesures visant à galvaniser l'autonomie de  l'Europe.

"Autour du monde, les échanges commerciaux servent d'armes, les chaînes  d'approvisionnement sont sous pression" et "les dépendances économiques se  transforment en pression politique, et cela affecte tous les jours nos  entreprises et leur compétitivité", a-t-il estimé.

La doctrine existante, qui était la première du genre, est pourtant toute  récente : elle date de 2023 et visait à l'époque à tirer les leçons de la  pandémie de Covid-19 puis de la guerre en Ukraine, deux crises qui ont  illustré l'extrême fragilité des chaînes d'approvisionnement européennes.

Or, les tensions géopolitiques et commerciales, comme le bras de fer sur  les droits de douane avec les États-Unis de Donald Trump, ont poussé Bruxelles  à remettre l'ouvrage sur le métier.

La doctrine actualisée prévoit d'assouplir et de moderniser l'utilisation des principaux outils déjà à la disposition de Bruxelles : contrôle des  investissements directs étrangers, restrictions à l'exportation de certains  biens, diversification des pays fournisseurs, et à les compléter si nécessaire.

"Nous allons faire un usage plus stratégique et assumé de nos outils  existants, nous en développerons d'autres si besoin, et nous allons améliorer  notre collecte de renseignements économiques", a souligné M. Sefcovic.
 

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