90e Mondial de l’automobile : une semaine de fête pour un secteur déprimé

"La filière automobile traverse des moments difficiles", a prévenu mercredi Luc Chatel, président de la PFA, qui représente constructeurs et équipementiers.

Les chiffres d'immatriculations du mois de septembre en France ont été les pires des 20 dernières années, et les prises de commande les pires des 10 dernières années.

Le passage à la voiture électrique patine dans plusieurs pays d'Europe.

Volkswagen a annoncé d'éventuelles fermetures d'usines, Stellantis a presque divisé par deux ses objectifs de profits pour l'année 2024.

Mais le salon de Paris promet d'être une fête, avec 48 marques exposantes et de nombreuses nouveautés électriques, dont les très attendues Renault 4 et 5, Peugeot 3008 et Citroën C3.

Ces modèles assemblés en France (à l'exception de la Citroën, en Slovaquie) doivent ouvrir la technologie électrique à des acheteurs moins aisés après avoir conquis les SUV et berlines premium, et relancer les ventes.

Emmanuel Macron est attendu le lundi après-midi, lors de la journée réservée à la presse et aux professionnels, alors que le gouvernement doit annoncer un alourdissement des malus sur les voitures essence et diesel.

Carlos Tavares pour Stellantis, Luca de Meo pour Renault et Oliver Zipse pour BMW, après avoir présenté les nouveautés de leurs marques lundi, viendront expliquer mardi leur vision de la mobilité lors de conférences. La CGT promet une manifestation devant le salon le jeudi.

Du côté des constructeurs étrangers, le groupe Volkswagen, BMW-Mini et Kia font leur retour après quelques années d'absence.

Tesla fait aussi une apparition inattendue pour montrer son énorme SUV Cybertruck, et Cadillac marque son retour en Europe avec d'imposants modèles électriques.

Seul Toyota manque à l'appel parmi les grands groupes, après avoir été omniprésent cet été comme sponsor des Jeux olympiques de Paris.

Surtout, les constructeurs chinois de voitures électriques et hybrides arrivent en nombre : le généraliste BYD, Leapmotor (marque de Stellantis), les luxueuses Hongqi, le technophile XPeng, Maxus (utilitaires) ou Skyworth (filiale d'un groupe d'électronique) présentent leurs véhicules pour l'Europe.

500.000 visiteurs attendus

"Ça va être la fête de l'automobile pendant une semaine à Paris", s'est réjoui Luc Chatel, qui coorganise le salon. "On va présenter à la fois de grandes innovations, mais aussi de belles voitures. Le Salon de Paris, c'est l'alliance entre la passion et la raison", a-t-il souligné.

Si les constructeurs de voitures de luxe sont absents de ce salon grand public, quelques modèles Aston Martin, Bentley, Ferrari, Porsche et des voitures de course doivent être présentés, entre le centre d'essai des véhicules, des expositions sur l'histoire de l'automobile et la piste de karting.

Alpine compte dévoiler le style de ses futurs modèles sportifs à travers son concept A390. De petits constructeurs français comme Delage, Devalliet, Pantore ou PGO comptent aussi profiter de ce coup de projecteur.

Alors que le salon de Genève a connu sa dernière édition cet hiver, le Mondial de Paris tente de se renouveler et a revu ses offres tarifaires à la baisse pour attirer davantage d'exposants.

"On est dans un cercle vicieux de désenchantement des grands salons", commente Sébastien Amichi, expert du cabinet Kearney, mais Paris tente de se présenter comme vitrine technologique du secteur et a su attirer les exposants chinois.

"C'est à la fois un salon pour le business et pour le grand public. Les constructeurs ont de nouveau des choses à annoncer, les acteurs du secteur ont besoin de se positionner", souligne de son côté Mikaël Le Mouëllic, du cabinet BCG, partenaire du salon, où il organise des conférences avec Google.

Le salon compte attirer 500.000 visiteurs et plus de 150.000 billets (de 18 à 22 euros l'entrée selon le jour) ont déjà été vendus, ont indiqué les organisateurs mercredi.