01/08/2025 - #Audi , #Bmw , #Porsche
Automobile: BMW limite les dégâts malgré les droits de douane
Par AFP
(AFP) - Face au choc des droits de douane américains, le constructeur BMW résiste un peu mieux que ses concurrents allemands de l'automobile haut de gamme et espère tirer son épingle du jeu grâce à sa forte implantation aux Etats-Unis.
Même avec une chute d'un tiers de son bénéfice net au deuxième trimestre, annoncée jeudi, le groupe de Stuttgart fait mieux que Mercedes et Porsche qui ont vu leur résultats s'effondrer entre avril et juin.
Contrairement à ses deux concurrents, BMW a maintenu ses prévisions pour l'année, tablant sur une marge opérationnelle de ses ventes de voitures comprise entre 5 et 7% en 2025.
Principale force du fabricant de berlines de luxe : sa plus grande usine dans le monde se trouve aux États-Unis, en Caroline du Sud, où 400.000 véhicules sont produits chaque année, réduisant sa dépendance aux exportations depuis l'Europe où les voitures sont taxées à 27,5% depuis avril, contre 2,5% auparavant.
La crise a été "plus gérable" pour BMW grâce à sa "structure de production très internationalisée", commente Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile en Allemagne.
Cela rend BMW plus "stable" que ses concurrents, ajoute-t-il, citant les autres ténors du haut de gamme allemand: Mercedes, Porsche et Audi (groupe Volkswagen).
Droits de douanes "quasi identiques"
A partir du 1er août, les droits de douane américains seront ramenés à 15% pour les exportations européennes vers les Etats-Unis, dont les voitures, sur la base de l'accord conclu dimanche entre Washington et Bruxelles.
Ces taxes, quoique moins élevées que les 27,5% en vigueur, coûteront toutefois "des milliards chaque année aux entreprises automobiles allemandes", selon la fédération des constructeurs automobiles allemands VDA.
Côté Union européenne, l'accord supprime les droits de douane de 10% actuellement prélevés à l'entrée des véhicules importés d'Amérique.
Si bien que BMW juge ce nouvel équilibre "quasi identique" à la situation qui prévalait avant l'offensive protectionniste américaine, selon les mots du PDG du groupe, Oliver Zipse.
"Notre présence aux États-Unis nous aide à limiter l'impact des droits de douane", a ajouté Walter Mertl, directeur financier de BMW, dans un communiqué.
Ces surtaxes devraient tout de même faire perdre au groupe 1,25 point sur la marge opérationnelle des ventes de voitures cette année.
Les prévisions de marge restent par ailleurs très basses, comparées aux années de boom de l'automobile allemande qui avaient succédé aux restrictions sanitaires de 2020. En 2024, cette marge atteignait encore 10%.
Accord bilatéral
Au deuxième trimestre, le chiffre d'affaires de BMW a baissé de 8%, plombé par la chute de la demande en Chine (-14%), son premier marché, où les constructeurs allemands ont longtemps réalisé plus d'un tiers de leurs ventes.
Les marques européennes y affrontent désormais l'essor fulgurant des constructeurs locaux, plus avancés dans l'électrique et qui livrent une guerre des prix sans merci.
M. Zipse n'exclut pas que son groupe passe un accord spécifique avec les autorités américaines pour venir encore alléger les droits de douane, en échange d'investissements à réaliser aux Etats-Unis.
Le patron de Volkswagen Oliver Blume avait aussi suggéré la semaine dernière la possibilité d'un accord ad hoc avec les États-Unis, qui prendrait en compte les investissements que le groupe y réaliserait.
Marque emblématique du premier constructeur européen, Porsche ne dispose d'aucun site aux Etats-Unis et a dû absorber le coût des surtaxes afin de préserver ses prix, moyennant une charge de 400 millions d'euros sur le premier semestre.
Mercedes produit certains modèles dans son usine d'Alabama et envisage d'y accroître sa production.
L'industrie automobile allemande, pilier de la première économie européenne, subit depuis plus d'un an la baisse de la demande mondiale, la hausse des coûts et la concurrence chinoise grimpante. Avec les droits de douane, son modèle exportateur est d'autant plus fragilisé.
Volkswagen a annoncé cet hiver supprimer 35.000 emplois en Allemagne et arrêter la production dans deux usines du pays. Porsche et Mercedes sont également engagés dans des programmes de restructuration.
Avec les surtaxes américaines, les usines automobiles en Europe, déjà mal en point, "vont réduire leur production", estime Ferdinand Dudenhöffer, avec jusqu'à 70.000 emplois menacés rien qu'en Allemagne.