17/06/2025 - #Renault , #Chrysler , #Dacia , #Nissan , #Opel , #Peugeot , #Fiat , #Stellantis
Incertitudes chez Renault après l'annonce surprise du départ de son patron
Par AFP
(AFP) - Une période d'incertitudes s'ouvre chez Renault, dans un contexte tendu pour le secteur, avec le départ de Luca de Meo, qui avait négocié le virage électrique du groupe automobile français et sa montée en gamme, tout en redressant ses finances.
L'annonce surprise de ce départ, dimanche soir, a pris de court les salariés. "On est tombés de notre chaise", a raconté lundi Thomas Ouvrard, délégué syndical CGT du groupe Renault, interrogé par l'AFP.
Luca de Meo quittera le constructeur automobile le 15 juillet et devrait, selon des informations de presse, prendre la tête du groupe de luxe français Kering.
"C'est comme le capitaine qui saute du navire en laissant l'équipage", déplore Thomas Ouvrard. "Notre grand patron nous a sorti une stratégie qui n'est pas forcément convaincante à 100%, on émet des doutes, et il part du jour au lendemain."
L'annonce, qui venait de fuiter dans la presse, a été officialisée par le groupe auprès des syndicats lors d'une réunion en ligne dimanche soir, à 21H30.
"Forcément, on était fort surpris", souligne Fabrice Roze, délégué syndical CFDT. "On était quand même en pleine transformation", s'étonne-t-il, tant du secteur automobile dans son ensemble, que celle du groupe Renault.
Car Luca de Meo avait pris en 2020 les rênes d'une entreprise en crise, traumatisée par l'affaire de son ex-dirigeant Carlos Ghosn, entre chute des ventes et cadres dépités qui claquaient la porte.
Aux commande de Renault, l'Italien a lancé en 2021 la "Renaulution", accélérant l'électrification des véhicules et leur montée en gamme, pour permettre au groupe d'accéder à une rentabilité record.
Il a été "l’architecte du redressement du groupe" et "ce départ constitue une (mauvaise) surprise", ont commenté des analystes d'Oddo BHF, dans une note.
A la Bourse de Paris, le titre plongeait de 6,9%, à 40,05 euros, lundi à 13H05, tandis que l’actionde Kering bondissait de 6%
Six mois après Carlos Tavares
"Le marché de l'automobile est fortement déstabilisé" et "c'est une annonce qui va donner un peu d'anxiété", estime Fabrice Roze. "Pourquoi un de nos dirigeants à la tête du groupe quitte l'entreprise ? Forcément, ça crée aussi de l'inquiétude."
Fin 2024, un autre géant de l'automobile, Stellantis, maison mère des marques Peugeot, Fiat, Opel ou Chrysler, a aussi fait face au départ de son patron, Carlos Tavares. Il sera remplacé par Antonio Filosa, jusqu'à présent directeur du groupe pour l'Amérique du Nord et du Sud.
Selon les analystes d'Oddo, la démission de Luca de Meo "illustre, peut-être, à nouveau la difficulté pour l'automobile d'attirer et de retenir ses talents (...) face à un environnement sectoriel tendu".
Alors qui, pour reprendre la tête de Renault ? Trois noms de candidats internes circulent, selon Le Monde : François Provost, actuel directeur des achats, "poussé par Luca de Meo mais peu apprécié par les équipementiers automobiles", Denis Le Vot, "populaire et sympathique patron de Dacia", et Fabrice Cambolive, "discret dirigeant de la marque Renault".
Le quotidien évoque aussi la possibilité d'un transfuge du concurrent Stellantis, Maxime Picat, qui en est directeur des achats et des régions Asie et Moyen-Orient, et qui avait été pressenti pour remplacer Carlos Tavares. Le nom de Jérémie Papin, actuel directeur financier de Nissan - dont Renault détient 35% - est aussi cité.
"Ce qui nous inquiète, c'est l'avenir de Renault parce que concrètement aujourd'hui l'électrique ça nous fait très peur, ça ne se vend pas. Nos usines françaises, elles ont besoin de produire des véhicules", avertit Thomas Ouvrard.
Fabrice Roze insiste lui sur le besoin "d'assurer la stabilité de la stratégie. Et la stabilité industrielle du groupe, il faut qu'on reste dans la continuité, pas créer plus d'anxiété qu'il peut avoir aujourd'hui".