Publicité
Publicité
08/09/2025 - #Bmw , #Mercedes-Benz , #Stellantis

Le patron de Stellantis critique à son tour la fin des ventes de voitures thermiques en 2035, "pas réaliste" en l'état

Par AFP

(AFP) - Après BMW et Mercedes-Benz, Stellantis : l'Italien Antonio Filosa, a lui aussi remis en cause l'interdiction des ventes de véhicules thermiques en 2035 dans l'Union européenne, un objectif "pas réaliste" sans l'introduction de "flexibilités" pour les constructeurs affectés par la crise.

   "Les objectifs de baisse de 55% des émissions (de gaz à effet de serre) d'ici 2030 et d'interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 (dans l'Union européenne) ne sont pas réalistes tels que définis", a déclaré dans une interview aux Echos samedi le nouveau directeur général de Stellantis.
   "Il faut introduire des flexibilités qui contribueront à la fois à la décarbonation et au maintien de l'activité industrielle", a ajouté Antonio Filosa.

   L'interdiction à partir de 2035 de la vente de voitures neuves à essence ou diesel, hybrides comprises, dans l'UE, emblème des ambitieuses mesures du Pacte vert européen (Green Deal), a été actée par la Commission européenne en mars 2023 malgré les réticences des constructeurs.
   Une clause "de revoyure" a été fixée pour 2026 afin de faire un premier état des lieux et éventuellement apporter des ajustements au texte.

   Cet objectif est contesté depuis plusieurs mois par les constructeurs, confrontés à des ventes de modèles électriques qui patinent, à la concurrence chinoise grimpante, aux droits de douane américains et à la chute des bénéfices mondiaux.
   Des "assouplissements" peuvent être étudiés mais à condition qu'ils ne remettent "pas en cause" la sortie des énergies fossiles, avait indiqué en juin le ministère français de l'Industrie.
   
Pression de l'industrie    
   Le constructeur allemand de voitures premium BMW a proposé vendredi de repousser à 2050 l'interdiction. La semaine précédente Ola Källenius, patron de Mercedes-Benz et président de l'association des constructeurs européens (ACEA), avait qualifié l'objectif de 2035 d'"inatteignable".
   Sous la pression de l'industrie, la Commission européenne a déjà assoupli en mars les objectifs de réduction d'émissions de CO2 à moyen terme et sa présidente Ursula von der Leyen doit ouvrir la semaine prochaine un "dialogue stratégique" avec les constructeurs automobiles, peu après le début du salon de l'automobile de Munich (IAA), rendez-vous incontournable pour le secteur.

   "Il faut maintenant passer du dialogue stratégique à l'action stratégique. Et vite. Il ne faut pas sous-estimer le déclin rapide de l'industrie automobile européenne", a ajouté Antonio Filosa.
   Interrogé sur la remise en question de l'échéance 2035, il a réaffirmé le besoin de "leviers de flexibilité" pour "enrayer le cercle vicieux qui entraîne la baisse des ventes et retarde le renouvellement d'un parc automobile vieillissant".
   Il propose des mesures de "verdissement du parc type prime à la casse ou à la reconversion pour des véhicules plus récents", des "supercrédits CO2" pour les ventes de petites voitures électriques ou encore une meilleure valorisation des véhicules hybrides.
   Ces mesures visent à "redynamiser le marché" pour "réduire les coûts de production" et "rendre les voitures plus abordables". 
   
Priorités aux utilitaires électriques   
   Comme l'avait fait début juillet Jean-Philippe Imparato, qui dirige la branche européenne de Stellantis, Antonio Filosa a réaffirmé que "les décisions les plus urgentes à prendre à Bruxelles concernent la trajectoire de décarbonation des véhicules utilitaires légers", un marché "en souffrance" car la demande des professionnels n'est pas au rendez-vous face aux coûts élevés. 
   Cela "met en danger" des dizaines de milliers d'emplois et il faut "étendre de trois à cinq ans les objectifs de réduction des émissions de CO2" pour ce segment, estime-t-il.

Il rappelle que cet axe est stratégique notamment pour la France, "car l'une de nos plus grandes usines d'utilitaires est dans le Nord, à Hordain". Il affirme, interrogé sur de potentielles fermetures d'usines, qu'il est "impossible de se prononcer à ce stade, nous devons d'abord voir comment évolueront les échanges sur la réglementation européenne". 
   Dans un marché automobile mondial qui "se régionalise" sous la "double pression des droits de douane et des réglementations", poursuit M. Filosa, "l'Europe a choisi la voie de l'électrification complète, orientation que nous soutenons et sur laquelle nous avons fortement investi, mais dont nous questionnons aujourd'hui le rythme et la rigidité vu les réalités du marché".

Partager cet article

Réactions

La lecture de cet article m'a fait penser à la chronique que j'avais écrite pour un magasine automobile en 2017, c-à-d il y a déjà (seulement) 8 ans.

La Fée Electricité ou la Sorcière Electricité ?

On dit qu’il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. L’adage est encore une fois vérifié avec le cri d’alarme qu’a récemment poussé Carlos Tavares qui dénonce le développement du « tout électrique » vers lequel se précipite les politiques en accord – et même en collusion – avec les constructeurs automobiles. A ma connaissance, ce cri d’alarme n’a pas été relayé par la presse économique ce que je regrette beaucoup, mais pas plus par la presse spécialisée ce qui est très dommageable.

Les déclarations de future condamnation à mort du moteur thermique se multiplient allègrement. Elles sont clamées haut et fort par des politiques censés être responsables et visionnaires. Nicolas Hulot a inauguré le bal en bornant son interdiction à l’horizon 2040. A ce propos, remplacera-t-il les puissants hors-bords thermiques de son bateau semi-rigide par des hors-bords électriques accompagnés de leur grosse batterie ? D’autres pays lui ont emboîté le pas comme l’Inde qui met la barre à 2030, mais également l’Europe qui réfléchit à bannir toutes les voitures thermiques d’ici une vingtaine d’années. Fort bien, pourquoi-pas.

Carlos Tavares s’inquiète à juste titre de la quantité d’électricité qu’il va falloir fournir pour alimenter tous ces véhicules. Il est aujourd’hui le seul haut dirigeant à le faire savoir. Peut-être que ses confrères n’en pensent pas moins, mais n’osent pas le dénoncer, à moins qu’ils n’aient pas pris conscience de l’impasse dans laquelle nous sommes en train de nous engouffrer, ce qui est bien pire.

Carlos Tavares prend la précaution de dire que sa voix est inaudible tout simplement parce que PSA fabrique et vend des moteurs thermiques donc qu’il est un peu juge et parti ; certes. D’aucuns ont foncé sur cette précaution oratoire en disant que PSA poussait ce cri d’alarme parce qu’ils n’étaient pas prêts, voire très en retard, sur la commercialisation de VE et de PHEV. Qu’ils se rassurent, PSA en a « plein ses cartons », prêts à être lancés sur le marché.

En attendant, ce dirigeant visionnaire pose d’excellentes questions :
La France, mais également l’Europe, aura-t-elle les capacités techniques à fournir autant d’électricité ?
Quelles seront ces capacités ? Centrales nucléaires, centrales thermiques (pétrole, gaz, charbon et lignite en Allemagne et Europe centrale), éoliennes, hydrauliques, solaires. On imagine bien que toutes seront utilisées, mais dans quelles proportions ?
Du puits à la roue, chacun sait qu’un VE a un bilan carbone aussi mauvais qu’une voiture thermique ! Si on inclue le recyclage des batteries, le bilan carbone est plus mauvais pour le VE. Et si l’électricité est produite par une centrale au charbon, il n’y a plus photo !
Le prix des terres rares, pour l’instant indispensable à la fabrication des batteries, va évidemment s’envoler. Ces terres rares portent remarquablement bien leur nom ; la quasi-totalité se trouve en Chine, et l’autre partie en Afrique que la Chine rachète à tour de bras.
Gardons également en tête que la fabrication et le recyclage d’un panneau solaire nécessitent plus d’énergie que celle qu’il produira dans son existence… Si on faisait le même bilan pour une éolienne, on aurait sans doute des surprises avec un résultat similaire.

Parlez plus fort cher monsieur Tavares. Quand vos voitures électriques et vos hybrides rechargeables seront sur la route, reprenez votre porte-voix.

Ah, les fameux "leviers de flexibilité", ca faisait un moment qu'on ne les avait pas entendus. Et les supercrédits, excuse à 3 balles pour ne surtout rien changer en vendant trois 208.
Par contre on est d'accord, les primes à la casse brillent par leur absence. On va me répondre que les caisses sont vides, mais elles ne le sont jamais quand il y a une catastrophe, ne vaudrait-il pas mieux investir plutôt que guérir?

BMW: Repousser à 2050, pourquoi pas 2100 tant qu'on y est? ou même jamais, c'est bien ca aussi. Les inondations, canicules et autres désagréments divers, ce n'est un problème que pour les pauvres, pas pour Mr Ola.

Si les véhicules chinois, y compris électriques, ont du succès, c'est qu'ils répondent à des demandes du marché. On en parle de ca? La fin du pricing power à l'extrême? Le suréquipement?
La mise sur le marché de tanks gigantesques de 2.5t n'a malheureusement pas changé. Pour un facteur de charge sensiblement constant, c'est du pur gaspis. Des batteries toujours plus grosses, pour compenser des efficacités qui stagnent, et offrir des autonomies inutilement élevées. Et donc des voitures inabordables au commun des mortels.

@Bruno Haas: Depuis votre article, l'état de l'art a bien avancé. Par exemple sur le bilan cycle de vie, il a été démontré maintes fois qu'un VE a des émissions beaucoup plus faible qu'un VT. Sur les terres rares, qui n'entrent pas dans la fabrication des batteries mais celle de certain moteurs, on en utilise moins et l'utilisation de moteurs à induction se développe. Sur les capacités de production d'électricité, le plus important c'est l'utilisation des heures creuses.

Oui Arnaud, je sais que mon article date un peu et je suis plutôt d'accord avec votre commentaire.
Ceci étant, à quelle échéance pensez-vous que l'Europe, et la France en particulier, soit en mesure de recharger les batteries de tout le parc automobile ?
Rappel : on parle de 252 millions de voitures en circulation en Europe dont 42 millions en France.
Il va en falloir des heures creuses !

Il n'y aura aucun PB pour alimenter toutes ces bornes dont 50% sont toujours en panne...
;0)

Votre commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire

Autres articles

Nominations

Renault Group : Alexis Chalopin nommé Vice-Président Affaires européennes, rattaché à Jean-André Barbosa

Depuis le 1er septembre, Alexis Chalopin a rejoint Renault Group en tant que Vice-Président en charge des affaires européennes. Basé à Bruxelles, il succède à Jean-André Barbosa, qui occupait jusqu’alors cette fonction avant d’être nommé, le 1er juillet dernier, Directeur des affaires publiques de Renault Group, avec un périmètre élargi aux affaires internationales et à la compétitivité.

Analyse

De quoi le rachat de Iveco par Tata est-il le signe ?

Intervenue à la fin du mois de juillet, la vente par les Agnelli de Iveco à Tata Motors est un fait important qui mérite une attention plus grande. Il s’agit d’abord d’une forme de disparition de l’industrie italienne du poids lourd et d’un acteur européen. Il s’agit aussi et surtout de la poursuite d’un mouvement très structurel de cession d’actifs automobiles européens aux investisseurs non européens aisé à comprendre mais profondément dommageable.

Equipementiers

Horse Powertrain propose des motorisations hybrides pour des plateformes 100% électriques

Horse Powertrain présentera au salon de Munich son offre qui permettrait aux constructeurs de proposer des motorisations hybrides sur des plateformes 100% électriques. Cette stratégie pourrait trouver un écho particulier en Europe si l’échéance du 100% électrique était repoussé à 2050 alors que de nombreux constructeurs ont centré leurs investissements sur des plateformes dédiées électriques.