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Analyse - 21/09/2023 - #Tesla , #Bmw , #Byd

Rentrée des Klasse

Par Jean-Philippe Thery

Rentrée des Klasse
Neue, Neue Klasse par BMW : C’est elle qui conduit (Crédit : BMW)

Aujourd’hui, c’est la reprise des cours sur Autoactu.com, en commençant par la conjugaison du futur antérieur. A moins que ce ne soit l’inverse…

On dirait le sud, quelque chose comme la garrigue. Elle, grande et mince dans un jean 80’s délavé taille haute, cheveux bruns mi-court coiffés-décoiffés, maquillage léger : c’est elle qui s’installe au volant. Lui en passager discret, chemise estivale à motifs végétaux sur un pantalon de toile beige. Il y a encore celle dont on devine que la silhouette fugace s’installe à l’arrière, dans une robe longue au tissu clair et léger. La lumière rasante de l’astre diurne s’apprêtant à disparaitre pénètre la voiture par ses vastes surfaces vitrées. Ils ont l’air de s’y trouver bien. Bientôt sans doute la machine emmènera-t-elle l’étrange trio dans la douceur du soir, en glissant sur le chemin non revêtu.

De longs à-plats de lumière blanche strient la ceinture de caisse et les optiques en 2D. D’un rouge nacré aux moirages profonds, la carrosserie contraste violemment avec les murs jaunes de l’arrière-plan, alors que s’exhibe le logo lumineux aux trois banches au centre d’une calandre constellée d’étoiles métalliques, en forme de mini-répliques. De l’intérieur jaillissent des éclairs bleutés/violacés comme autant de néons sillonnant l’habitacle. Ou quand l’automobile s’inspire de l’univers lumineux des gamers et de leur PC ultra-tuné à boitage transparent.

Sur les clichés de leurs dossiers de presse respectifs, BMW et Mercedes n’auraient pu choisir ambiances plus éloignées l’une de l’autre pour évoquer leur "rentrée des Klasse", à l’occasion de l’IAA-Mobility ("Internationale Automobile Ausstellung") organisée du 5 au 10 septembre non pas à Francfort mais à Munich, puisque cette année, le schweinhaxe aura remplacé la célèbre wurst au menu des exécutifs de l’industrie automobile.

Pourtant, les deux constructeurs y ont rendu leur copie sur le même thème : celui d’un futur à la fois proche, électrifié et softwarisé, chacun d’entre eux y allant de sa nouvelle plateforme. Dans la continuité pour Mercedes et sa MMA (Mercedes Modular Architecture), donnant la réplique en entrée de gamme à l’EVA (Electric Vehicle Architecture), déjà en fonction sur les modèles Premium. En rupture pour BMW qui en adoptant pour sa "Neue Klasse" des soubassements entièrement dédiés à l’électrique, remise la CLAR (Cluster Architecture) et sa modularité compromise entre thermique, hybride et électrique.

Mais l’objectif est bien le même pour les deux constructeurs, comme tous les autres à la recherche d’une meilleure densité énergétique consistant à concentrer un max de kWh dans un volume et pour un poids donnés. Pour ce faire, la marque à l’étoile s’est tournée vers les Chinois de BYD, en adoptant leurs batteries de type "blade" déjà vues sur la berline Han et le SUV Tang, longue poutres structurelles occupant la largeur de la voiture et participant à la résistance aux chocs latéraux. En plus, celles-ci permettent de se passer des traditionnels modules et de leurs encombrantes structures, selon le concept "cell to pack" permettant de gagner jusqu`à 40% d’encombrement.

Rien de si révolutionnaire pour Béhème, qui se la joue néanmoins Tesla en adoptant des cellules cylindriques plus énergétiques, semblables à celles équipant la souris avec laquelle vous n’allez pas tarder à zapper cette chronique si je continue à vous raser avec mes pseudo-leçons de chimie. Alors laissons de côté la tripaille électronique, d’autant plus que c’est de style dont je compte vous entretenir avec les Mercedes Concept CLA Class et BMW Vision Neue Klasse.

Rien de plus facile pour la première d’entre elles, puisqu’il vous suffit d’imaginer…une Mercedes. Plus précisément, un mélange concept-carisé de CLA, et du tout nouveau coupé E-Klasse, en version quatre portes. Avec une face avant qui joue sur le registre de la paréidolie (quand l’objet évoque un faciès), associant une bouche-calandre béante et des optiques-sourcils froncés. Pour ce qui est des roues, les jantes à six bâtons ultrafins s’ouvrent non point sur les habituels disques, mais sur une espèce de flasque boursouflée elle aussi parsemées de logos-étoiles. Quant aux profil typique de coupé 4 portes, les meurtrières qu’il impose en guise de glaces latérales en raison d’une ceinture de caisse haute rencontrant un pavillon surbaissé, sont compensées par le toit entièrement vitré. Les occupants n’y manqueront tout de façon pas de luminosité dans un habitacle-boite-de-nuit, à moins que la crainte de l’électrocution ne les fassent renoncer à s’y installer.

Alors que Mercedes fait appel au présent pour évoquer son futur immédiat, BMW se plonge dans le passé avec sa neue "Neue Klasse", dont le vocable nous parvenant tout droit du début des Sixties, fait allusion à la série de modèles initiés par la berline 1500. Cette dernière comme celle qui ont suivi visaient une classe moyenne-haute ayant participé autant qu’elle bénéficiait du Wirtschaftswunder, le miracle économique allemand initié dans l’après-guerre, qui devait permettre au pays de devenir un temps la deuxième puissance économique mondiale. Arrivée juste au bon moment, la Neue Klasse désignait d’ailleurs autant leur voiture que les clients auxquels elle se destinait, lesquels se donnaient le droit de rouler enfin selon leurs aspirations, après des années de "moped" à deux roues, puis de microvoitures symbolisées par la célèbre Isetta industrialisée par … BMW.

Aujourd’hui encore, la "Neue Klasse" incarne le renouveau de la Bayerische Motoren Werke, dont les dirigeants actuels ne cachent point leur intention en réexhumant l’appellation à l’ère électrique. Mais ceux qui s’attendaient à une redite néo-rétro-nostalgique des 1600/2000 Ti et Tii ou du coupé 2000 CS en auront été pour leurs frais. Parce qu’avec son ancienne nouvelle désignation, l’auto présentée sur les terres de son constructeur il y a deux semaines représente une véritable rupture avec les modèles actuels, tout en cherchant évidemment à signifier son allégeance au clan de l’hélice blanche et bleue. Quelque chose qui m’apparaît comme un mélange du profil de l’Aston-Martin Lagonda Taraf, et de l’univers onirique/futuriste de Syd Mead, le génial designer industriel qui nous a quittés il y a quatre ans.

Pour autant, il me faut bien avouer que ça ne m’est pas venu tout de suite. J’ignore comment font ceux qui se prononcent sur le style d’un nouveau modèle dans les secondes qui suivent sa découverte, parce que moi, j’ai besoin de digérer. Peut-être parce qu’exprimant généralement un avis négatif par réseaux sociaux interposés, ils s’imaginent que se montrer désagréables publiquement les fera paraître intelligents. Une attitude qui m’a paru d’autant plus déplacée s’agissant de la "Neue Klasse" que cette dernière ne se livre pas de façon immédiate, et qu’elle nécessite une véritable exégèse stylistique. Je me suis par exemple demandé si confronté à la nouvelle venue débarrassée de toute identification à l’occasion d’un de ces nombreux clinic-tests qu’il m’a été donné d’organiser, j’aurais été capable d’en reconnaître l’appartenance. Et pourtant, elle intègre en plus de la célèbre calandre à double-haricot, le caractéristique "Hofmeister Kink", motif stylistique propre au panneau de custode des modèles de la maison munichoise, depuis que le designer qui lui a donné son nom l’a précisément inauguré sur la "Neue Klasse" originelle. Sans oublier le fameux dessin shark nose de la face avant, que revendique également Mercedes pour la Concept CLA Class, semblant démontrer que les squales sont à la mode, à moins qu’il ne faille admettre que même les bons élèves donnent parfois un coup d’œil sur la copie de leur voisin.

Quoiqu’il en soit, je ne suis sans doute pas le seul qui a un peu tâtonné avant de déceler l’identité BMW dans la Concept Neue Klasse, surtout avec ces étonnants feux arrière qui évoquent tout de même un peu ceux de la Lincoln MKZ de 2010. Mais au fond, je crois bien que c’est mieux ainsi. Plutôt que de céder à la tentation de se rassurer sur l’avenir en singeant le passé, BMW nous propose en effet une véritable réinterprétation de la Neue Klasse en particulier et des modèles de la marque en général, marquant au passage la fin des massives calandres qui ont tant fait couler d’encre vitriolée. Et plus je la regarde, plus je me dis qu’elle mérite d’incarner le nouveau BMW avec un design à la fois élégant, finement musclé et aérien.

Bref, la rentrée des Klasse s’est plutôt bien passée de ce côté-ci du Rhin (j’y réside), avec des élèves à la fois appliqués et brillants, bien qu’ayant restitués des compositions on ne peut plus différentes. Sans doute faut-il d’ailleurs y voir la meilleure des réponses possibles à l’article publié fin juillet par The Economist, lequel se demandait "Et si l’Allemagne cessait de faire des voitures ?".

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Réactions

Pas facile de se passer de calandre ,z’ont pas l’air de comprendre ,l’époque de celui qui a la plus grosse parait s’éloigner,the Économist aurait dû titrer et si l’Europe cessait de fabriquer des automobiles

Pire Alain, et si l'Europe interdisait de rouler en bagnole ! (ha, on me dit dans l'oreillette que c'est fait, à partir de 2035, et à partir de maintenant pour ces salauds de pauvres)

Vous avez raison Alain, les bouchons de radiateur de chez Lalique ont bien disparu il y a longtemps, de plus si ça permet d'éliminer les calandres bien laides.
Je n'ai jamais aimé les calandres gaufrier...
;0))

Alain…tabarnak,patron un Calva

Dr Alain et Mr Boise...
;0))
PS : elle est marrante la neue klasse de BMW, on dirait une Saab 99 moderne...

eh bien je ne bouderai pas mon plaisir devant cette "béhème" qui m'apporte un peu d'épure et de finesse dans ce monde de brutes....Tant mieux si les designers allemands se montrent dignes du Bauhaus.

BMW a enfin abandonné ses naseaux hypertrophiés !

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