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21/04/2022

Xavier Horent, Mobilians : "Faisons avancer la France avec un grand Ministère des infrastructures, des transports et des mobilités"

Par Xavier Horent, Délégué Général de Mobilians

Xavier Horent, Mobilians : "Faisons avancer la France avec un grand Ministère des infrastructures, des transports et des mobilités"

Nous raisonnons trop en "silos" ministériels et pas assez par missions. Or, force est de constater que ce conservatisme ne répond plus aux enjeux d’un monde où les défis ont changé d’échelle, de nature, de rythme. Ils exigent aujourd’hui vision et vitesse.

L’urgence écologique, au cœur de toutes les politiques, commande de sortir des schémas habituels. Univers en expansion, la mobilité, sous toutes ses formes et dans toutes ses composantes, en est l’illustration. Il est essentiel de s’interroger sur notre organisation publique dans un secteur aussi central afin d’inspirer un véritable élan. L’exigence, c’est la performance ; elle seule protège et fait une croissance durable. La représentation des enjeux comme la méthode doivent être repensées pour opérer une planification efficace.

Bien au-delà de ses frontières conventionnelles, notre mobilité connaît une intense métamorphose. Avec bientôt un milliard de lignes de codes à bord de véhicules dits « étendus », demain autonomes, l’ère de l’hyper-connectivité et de la décarbonation a fait irruption, stimulant de profondes mutations des usages. Le déplacement des centres de gravité emporte de larges conséquences, avec de gigantesques besoins d’investissements.

Nos politiques publiques n'y échappent pas : elles doivent précéder et accompagner ce mouvement, des transports publics et privés à l’automobile individuelle ou partagée, du véhicule industriel au vélo. Alors que les besoins de mobilité, de services et d’infrastructures vont aller croissant, l’adoption d’une stratégie fédératrice est une grande cause nationale. Tout conduit à porter un autre regard sur la mobilité, vecteur de stabilité sociale et de croissance, et à imaginer des politiques inédites. Revenons à l’avant-garde pour capter d’immenses opportunités de développements et d’emplois ! 

Le défi est double : assurer le droit à la mobilité pour tous, et construire une filière française rayonnante, capable de mener à bien de grands projets, comme celui d’être un démonstrateur d’innovations lors des Jeux Olympiques !
L’effort est incontournable, à un moment où la stratégie « Fit for 55 » et la guerre en Ukraine rebattent les cartes. Le contexte, pressant, interroge notre souveraineté et notre capacité à piloter des transitions historiques sur la décennie. L’exercice est hautement complexe, mais l’échec est impensable : c’est au cours du quinquennat que le tournant décisif sera pris. Sur une ligne de crête, il faut choisir entre le déclin et le sursaut, et, surtout, s’organiser en conséquence.

Or, la question des mobilités est au croisement de trop nombreux ministères, sans compter les directions centrales, les agences publiques ou les délégations interministérielles. Trop de guichets et de strates brident l’agilité et la créativité alors que nos administrations sont un réservoir exceptionnel de compétences. Les efforts sont dilués, ce cloisonnement brouille la trajectoire et la hiérarchisation des priorités. On ne saurait s’en tenir à des arbitrages en haut lieu trop fréquents, faute de chef de file, y compris en local, en charge de la concertation à la décision jusqu’à l’application et à l’évaluation.

La rupture avec les logiques de la segmentation et de l’éparpillement est la voie à suivre. On ne pourra pas résoudre les équations en continuant à juxtaposer les problématiques et les parties prenantes. Assemblons les solutions autour d’une stratégie globale, horizontale, et cohérente en redéployant les ressources techniques et budgétaires de l’État, et en décentralisant à l’échelle des régions. Un ministère délégué, en charge des infrastructures, des transports et des mobilités, doit embarquer un collectif de compétences pour répondre à un impérieux besoin de transversalité.
Dans un siècle où la mobilité responsable et l’économie circulaire tracteront le progrès, tous les talents doivent être réunis au service d’une stratégie unifiée et systémique autour des infrastructures et des services.

Pivot des comités de filières existants ou à venir, que ce soit l’automobile, l’hydrogène ou le vélo, mais aussi ceux des secteurs en interaction avec la mobilité, ce ministère anti-déclin doit d’abord incarner une puissante ambition française. Il doit conjuguer tous les modes de déplacement avec une vision sur le temps long et la plus large possible dans l’espace, en repensant les solutions proposées par une automobile qui représente l’essentiel des kilomètres parcourus.

Doté d’un conseil scientifique, sa feuille de route doit servir à synchroniser et à planifier : se déclinant en coordination avec les ONG, les consommateurs et les collectivités - les AOM - elle doit permettre une mise en place consensuelle des ZFE et favoriser les expérimentations sur les mobilités du futur en nourrissant un dialogue soutenu avec le Parlement.

Ce ministère est le garant d’une coordination robuste pour concerter un cap stratégique et l’allocation de moyens proportionnels aux ambitions de l’Europe. De compétence transversale, il doit porter la prospective et les études d’impact de manière transparente, tout en assurant un cadre réglementaire et fiscal stable et adapté. De même, doit-il passer d’une connaissance statistique à une exploitation dynamique des datas liées à la numérisation de nos déplacements.

Une trajectoire budgétaire précise doit apporter de la prévisibilité, en ciblant les mesures d’accompagnement à l’attention des Français et des entreprises, et l’implantation d’infrastructures modernes correctement déployées. Les bornes de recharge, en particulier, sont une priorité. Enfin, une partie des recettes fiscales, considérables, issues des activités routières - dont le malus - doit être affectée au financement de la transition écologique de nos transports plutôt qu’au budget général de l’État.

Avançons : la transformation sera réussie si elle est efficacement délibérée, et si l’État, équidistant de tous, conduit une politique de mobilité étendue, équilibrée et soutenable pour chacun.


AOM : Autorités Organisatrices de Mobilité
ZFE : Zones à Faibles Émissions 

 

Réactions

Quel discours cher monsieur Horent !
Trop vague, bien trop vague, même si les mots employés sont magnifiques.
Vous dénoncez à juste titre la pléthore de "guichets", en d'autres termes le millefeuille administratif dénoncé par tous mais précieusement conservé par les mêmes, et vous souhaitez créer un guichet de plus.
Ne vous faîtes aucune illusion, la création d'un ministère c'est alimenter ce millefeuille et ces guichets avec un ministre qui devra impérativement s'entourer de sous-ministres, de chefs de cabinets, de directeurs, sous-directeurs et directeurs-adjoints, de conseillers fraîchement sortis de l'ENA (j'ai déjà oublié le nouveau nom de cette glorieuse institution).
Tout ça alors qu'il n'y a qu'une chose à faire : installer des bornes de recharge rapide partout sur le territoire -puisque le Législateur a eu l'incommensurable bêtise de rendre le VE obligatoire- en croisant les doigts pour que les électrons puissent y arriver.
Tout votre laïus aurait pu se résumer à une seule de vos phrases : "Les bornes de recharge, en particulier, sont une priorité."

A travers ce laïus, il est clair que la liberté de mobilité individuelle est gravement en danger et que l'urgence serait plutôt d'organiser la "résistance"!

La prétentieuse Mobilians serait-elle en train de se prendre pour la PFA en oubliant qu'elle fut le CNPA et qu'elle représente toujours le milieu des garagistes et autres professions associées ?
La grenouille qui se voulait plus grosse que le boeuf..
;0)

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