Publicité
Publicité
Marchés - 29/08/2022

Des responsables de la BCE plaident en faveur d'une hausse substantielle des taux

Par Reuters

Des responsables de la BCE plaident en faveur d'une hausse substantielle des taux

(Reuters) - Des responsables de la Banque centrale européenne ont plaidé samedi en faveur d'une forte hausse des taux d'intérêt en septembre, face à une inflation toujours très élevée qui pourrait entamer la crédibilité de la BCE en matière de lutte contre la flambée des prix.

La BCE a relevé en juillet ses taux d'intérêt pour la première fois en 11 ans, augmentant son taux de dépôt de 50 points de base pour le ramener à zéro, les craintes sur l'inflation l'emportant sur les risques d'une dégradation de la conjoncture. Une hausse similaire des taux, voire supérieure, est attendue le 8 septembre prochain.

S'exprimant lors du symposium économique annuel de la Fed à Jackson Hole, Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et Martins Kazaks, gouverneur de la banque centrale de Lettonie, ont chacun plaidé en faveur de mesures énergiques.

"La probabilité et le coût de l'ancrage de l'inflation élevée actuelle dans les attentes sont inconfortablement élevés", a déclaré Isabel Schnabel. "Dans cet environnement, les banques centrales doivent agir avec force."

Jusqu'à il y a quelques jours, les marchés pariaient sur une hausse de 50 points de base le 8 septembre, mais un grand nombre de membres de la BCE, s'exprimant de manière officielle ou officieuse, estiment désormais qu'une hausse de 75 points de base devrait également être envisagée.

"Nous devons pouvoir discuter à la fois de 50 et 75 points de base comme hausses possibles", a déclaré Marins Kazaks, l'un des membres du Conseil des gouverneurs. "Dans la perspective actuelle, ce devrait être au moins 50", a-t-il ajouté.

Avec des taux à zéro, la BCE stimule l'économie et reste loin du taux neutre, qui est estimé par les économistes à environ 1,5%.

Considéré comme un centriste au sein du conseil des gouverneurs de la BCE, François Villeroy de Galhau a déclaré que les taux devraient continuer à augmenter jusqu'à ce que la BCE atteigne le niveau neutre, qui se situe entre 1% et 2%. Au taux neutre, la banque centrale ne stimule ni ne freine la croissance.

"À mon avis, nous pourrions y être avant la fin de l'année, après une nouvelle étape significative en septembre", a déclaré François Villeroy de Galhau. "N'ayez aucun doute sur le fait que la BCE relèverait ses taux au-delà de la normalisation si nécessaire : ramener l'inflation à 2% est notre responsabilité ; notre volonté et notre capacité à remplir notre mandat sont inconditionnelles", a-t-il ajouté.

"Concentrer les hausses de taux en début de période est un choix raisonnable de politique monétaire", a dit à Reuters Martins Kazaks, l'un des membres du Conseil des gouverneurs et gouverneur de la Banque de Lettonie. "Nous devons pouvoir discuter à la fois de 50 et 75 points de base comme hausses possibles."
Martins Kazaks estime que la Banque centrale européenne devrait atteindre un niveau neutre, qui ne freine ni ne stimule la croissance, au premier trimestre 2023. "Si nous voyons que nous devons aller au-delà du point neutre, je n'ai aucun doute que nous le ferons", a-t-il ajouté. "Mais ne nous précipitons pas."

Isabel Schnabel a également souligné que les anticipations d'inflation risquaient désormais de dépasser l'objectif à moyen terme de 2% de la BCE et que les enquêtes suggéraient que le public avait commencé à perdre confiance dans les banques centrales.

A 8,9%, l'inflation est plus de quatre fois supérieure à l'objectif de hausse des prix de la BCE et devrait encore monter avant un lent repli. 
L'inflation sous-jacente, hors produits de l'alimentation et de l'énergie soumis à une forte volatilité, est également trop élevée, ce qui suggère que l'inflation est désormais ancrée dans l'économie via des effets de second tour. Ces hausses de taux interviennent alors que la croissance de la zone euro ralentit et que le risque de récession est élevé.

La récession serait principalement due à un choc de l'offre - la flambée des prix de l'énergie et une pénurie de gaz russe - contre lequel la politique monétaire n'est pas très efficace. Il est également peu probable que la récession suffise à ramener l'inflation vers l'objectif sans un resserrement de la politique monétaire, estiment de nombreux observateurs. 

"Si l'on n'augmente pas les taux, l'énergie deviendra-t-elle moins chère ? Non. En fait, elle pourrait devenir plus chère car l'euro reculerait probablement et les prix de l'énergie sont libellés en dollars", a dit une source à Reuters. "Mais si vous n'augmentez pas le taux, les prévisions d'inflation augmentent et nous devrons donc en faire davantage plus tard", a ajouté cette source. "Le risque de ne rien faire est bien plus grand".

La récession imminente est un argument en faveur d'un relèvement anticipé des taux, car il devient difficile de communiquer sur un resserrement de la politique lorsque le ralentissement économique est déjà visible.   

Réactions

Le gouvernement vient de déclarer que l’inflation était sur un. Plateau et si le prix du gaz est de corrélé de l’électricité ce dernier va se dégonfler vite fait…..1000€ le MWh,non mais allô,et dire q’EDF est obligé de vendre à 42€ au dingue!

Le taux monte et le ton aussi pourrait monter à cause de l'inflation.
Le prix des courses en alimentaire devient faramineux depuis deux mois.
Et pour celui qui bricole, les matériaux depuis le début de l'année ont pris pour certains plus de 40% d'augmentation.
Côté auto par exemple, la Dacia Spring a augmenté plus de 2000€ depuis sa commercialisation.
Inquiétant...

Votre commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire

Autres articles

Analyse

La dépréciation de l’euro menace le soutien public à la transition écologique et l’industrie automobile

La dépendance de l’automobile au politique et aux financement publics est traditionnelle. Elle est particulièrement prononcée en 2022 étant donnée la nécessité de partager la charge de la transition. Plus que par ses effets sur le coût des importations et/ou sur les capacités de l’automobile européenne à exporter, l’évolution de la parité dollar/euro qui a vu la devise européenne perdre plus de 15% importe pour ses effets sur la donne macroéconomique. En effet, la marche forcée vers le véhicule électrique déjà peu digeste pour l’automobile européenne le serait encore moins si la relative générosité des Etats constatée jusqu’alors venait à être remise en cause par la hausse des taux d’intérêt et les conséquences qui en seraient tirées en matière de finances publiques.