02/05/2025 - #General Motors , #Jeep , #Mercedes-Benz , #Opel , #Peugeot , #Fiat , #Ram , #Stellantis
Droits de douane: Stellantis "suspend ses prévisions" pour 2025
Par AFP
(AFP) - Stellantis a suspendu ses prévisions pour l'année 2025 "en raison de l'évolution des tarifs douaniers" ainsi que "de la difficulté à en prévoir les impacts potentiels sur le marché et le paysage concurrentiel", a expliqué mercredi le constructeur.
Fin février, le groupe était resté évasif sur ses prévisions pour 2025, annonçant "une croissance positive du chiffre d'affaires avec une marge opérationnelle courante à +un chiffre+", contre deux chiffres pendant les années Carlos Tavares, et un vrai rétablissement à partir du second semestre.
Mais les annonces changeantes de Donald Trump sur les droits de douane ont encore compliqué la donne. Depuis le 3 avril, tous les véhicules importés sur le territoire américain sont taxés à 25%.
"Les éléments de base de la prévision ne prenaient pas en compte le contexte actuel des droits de douane", a expliqué le directeur financier du groupe, Doug Ostermann, lors d'une conférence pour les analystes financiers.
Le constructeur s'est engagé à fournir de nouvelles prévisions aux marchés dès qu'il serait "en mesure" de le faire.
Le groupe Stellantis (marques Jeep, Ram, Peugeot, Fiat) produit en dehors des Etats-Unis (au Mexique, au Canada) deux cinquièmes des voitures qu'il y vend.
S'il a annoncé qu'il augmenterait sa production américaine, il avait dû un temps mettre en pause certaines usines pour s'adapter au nouveau coût des pièces lié aux droits de douane et au ralentissement annoncé du marché américain.
Le président américain, Donald Trump, a pourtant allégé mardi le fardeau des droits de douane pour les constructeurs automobiles fabriquant des véhicules aux Etats-Unis avec des pièces importées. Un décret présidentiel exempte les constructeurs automobiles de payer d'autres taxes douanières, comme celles sur l'acier ou l'aluminium, pour éviter un cumul.
Une fois que la politique américaine sera fixée, le groupe pourra "revoir toute sa chaîne d'approvisionnement" et prendre des décisions à moyen terme concernant la production dans ses usines, a expliqué Doug Ostermann.
Le groupe Mercedes-Benz, dont les ventes aux Etats-Unis sont menacées, a également annoncé mercredi qu'il retirait ses prévisions pour 2025. Le groupe américain General Motors a aussi prévu de revoir ses prévisions.
L'action du groupe Stellantis, déjà au plus bas, a souffert de cette annonce mercredi et perdait 2,19% à 16H40 à la Bourse de Paris, à 8,12 euros.
Après le départ de Carlos Tavares en décembre 2024, le groupe attend toujours un nouveau directeur général, qui doit être nommé avant la fin du premier semestre.
"Premiers progrès"
"On croit profondément que l'intention du gouvernement américain est de renforcer l'industrie américaine (...) et nous sommes l'équipe locale", a ajouté Doug Ostermann. Mais "à court terme c'est très perturbant et ça a créé beaucoup d'incertitude".
En difficulté depuis 2024, le groupe a vu son chiffre d'affaires baisser de 14% sur un an au premier trimestre 2025, à 35,8 milliards d'euros. Le recul du chiffre d'affaires est notamment lié à une baisse des ventes de 9%.
Stellantis souffre de ses difficultés sur le marché américain et de la "normalisation" des tarifs des véhicules, qui avaient atteint des sommets avec la pandémie de Covid et les pénuries de pièces électroniques.
"En général les droits de douane sont bien sûr intrinsèquement inflationnistes, mais nous n'avons pas vu de grosses augmentations des prix (des voitures) pour l'instant", a poursuivi Doug Ostermann.
Si ses chiffres sont mauvais au premier trimestre, Stellantis souligne que les premiers progrès de son offensive de redressement commercial se voient déjà et devraient accélérer au deuxième trimestre.
La part de marché de Stellantis en Europe élargie a légèrement rebondi au premier trimestre, avec de bonnes prises de commandes pour ses Citroën C3/ëC3, Peugeot 5008 et Opel/Vauxhall Grandland, lancés fin 2024. Stellantis compte sur les petits SUV Citroën C3 Aircross, Opel/Vauxhall Frontera et Fiat Grande Panda pour accélérer encore.
Aux Etats-Unis, le groupe considère aussi que les droits de douane pourraient lui donner un avantage compétitif sur des concurrents produisant davantage à l'étranger, et donc plus touchés par ces taxes.